Algérie

RENCONTRE AVEC L’HISTORIEN ET ARCHÉOLOGUE ABDERRAHMANE KHELIFA



Alger, ville d’histoire et de civilisation
“Une ville est comme une personne, elle naît, elle grandit, elle se développe et, quelquefois, elle meurt.” C’est avec cette affirmation qu’Abderrahmane Khelifa, historien et archéologue, a débuté la rencontre qu’il a animée, jeudi dernier en soirée, à la librairie Errachidia (Anep), à Alger-Centre. “El-Djazaïr des Beni Mezghenna”, tel a été l’intitulé de cette rencontre qui a réuni une assistance, certes peu nombreuse, amoureuse de sa ville.
Toutefois, deux heures de temps sont-elles suffisantes pour aborder l’histoire d’une ville plusieurs fois millénaire, devenue capitale par la force de l’histoire et des évènements ? Sûrement pas. “Rien ne prédestinait Alger à devenir une capitale”, a déclaré d’emblée Abderrahmane Khelifa. Ce sont les Turcs (Barberousse), explique-t-il, qui avaient décidé de “transporter” ou délocaliser, vers 1518, la capitale de l’Ouest algérien, à savoir Tlemcen, vers Alger.
Parce qu’ils avaient compris qu’il fallait “tirer la capitale du Maghreb central vers la côte” au moment où la Méditerranée devenait un enjeu politique pour les Ottomans (le croissant) et les Espagnols (la croix). Hormis son côté commercial, Alger était une métropole où se côtoyaient différentes nations et religions. Des images défilaient, appuyant les propos de l’orateur. Du statut de petite ville, Alger se développe, s’agrandit, devenant, au fil du temps, une grande agglomération. Parler d’Alger, c’est évoquer son cœur, à savoir La Casbah, ce lieu considéré comme une ville dans la ville, un grand témoin de l’histoire de cette capitale.
Pour connaître Alger ou El-Djazaïr (en référence aux quatre îles ou îlots), Abderrahmane Khelifa effectuera différentes haltes, les plus marquantes de l’histoire d’Alger : l’ère phénicienne où Alger s’appelait Ikosium (l’île aux mouettes) et était un comptoir commercial. L’arrivée de la tribu des Beni Mezghenna, à l’aube de l’Islam (au VIIe siècle), s’installa dans cette ville, s’adonnant à l’agriculture.
D’où le nom d’El-Djazaïr des Beni Mezghena. La “Reconquista” espagnole détermina le sort de cette ville et de ses habitants : un flux migratoire sans précédent des morisques d’Andalousie. Les croisades chrétiennes se font persistantes au point où la population d’Alger sollicite les frères Barberousse pour un protectorat. Ils s’installèrent dans cette ville en 1516. Et ce n’est que trois siècles après que les Turcs quittèrent cette partie de l’Afrique du Nord suite à l’invasion française en 1830.
Les vestiges de ce pan de l’histoire d’Alger La Blanche, d’El-Bahdja, d’El-Mahroussa, sont visibles. Lors des travaux du métro d’Alger, au niveau de la place des Martyrs, un site archéologique a été découvert. Plus qu’un rappel historique des grandes dates de notre capitale, c’était beaucoup plus une “nouzha fil assima”. Un voyage dans le temps.


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