Afin d’honorer la mémoire de l’immense artiste et célèbre interprète de la chanson algérienne, notre collègue et ami Abdelkrim Tazaroute a animé, sam edi dernier, une conférence pour la présentation de son premier ouvrage sur le parcours de ceux qui étaient considérés en leur temps comme de véritables stars de la chanson moderne chaabie.
L’ouvrage intitulé Guerouabi ou le triomphe du chaâbi a connu, lors des rencontres organisées par l’auteur à l’occasion de sa parution à Tizi Ouzou et à Bejaïa, une grande affluence.
Le chanteur Guerouabi, à la voix inimitable, pleine de tonalités et au timbre particulier, est sans conteste l’un des piliers du patrimoine chanté pour ses fans qui ont toujours en mémoire son fascinant répertoire composé de titres aujourd’hui classiques que fredonnent encore quelques amoureux par la qualité de ses textes et de ses vocalisations et une instrumentation très rigoureuse ; ce qui a fait d’ailleurs la popularité, intacte à nos jours, de ce chanteur disparu. «Ecrire sur un artiste d’une telle envergure populaire, c’est à la fois enrichissant, dans la mesure où il y a plusieurs pistes qui peuvent être ouvertes, et on découvre à chaque fois la complexité de cette entreprise en travaillant sur le parcours des hommes de culture», dira notre conférencier. Il explique comment, en tant que journaliste mais aussi musicien, l’idée d’écrire lui est venue à l’esprit, lui qui a rencontré et interviewé cette figure charismatique du genre chaâbi qui excelle aussi bien dans l’interprétation traditionnelle que dans ses chansonnettes au rythme plus léger et facile à comprendre.
C’est en écrivant ce livre, après un travail d’investigation, s’appuyant sur des archives de la Télévision, des témoignages d’amis ayant côtoyé le chanteur, sans compter l’admiration que l’auteur a commencé à lui vouer en assistant à des galas à partir de la fin des années 70, que la dimension exceptionnelle qu’a connue notre chanteur tout au long de sa longue carrière jalonnée de succès apparaît avec sa personnalité singulière. Contrairement à d’autre artistes qui ont dû batailler pour obtenir un certain prestige auprès des chouyoukh, El Hachemi Guerouabi va en quelque sorte bousculer les mentalités et les règles du chaabi en se distinguant et en innovant. «Lui, il s’est distingué déjà à l’école en chantant et comme tous les jeunes de son âge, il a participé à des radio-crochets où il a raflé le premier prix. Puis, au hasard des jours, en accompagnant un de ses voisins qui chantait à l’opéra, l’actuel TNA, il rencontre Mahiedine Bachterzi qui lui propose le soir même de faire sa première apparition dans un spectacle. Guerouabi dit oui, alors qu’il a, à peine seize ans et n’a aucune expérience», nous apprend l’auteur au sujet du caractère de notre chanteur. La prestation à l’Opéra vaut au jeune chanteur un franc succès et c’est ainsi qu’il quitte son Belcourt natal pour s’installer à La Casbah, où il s’identifie à Hadj M’rizek comme référence au hawzi et personnification de l’élégance masculine.
Alors que les cheikhs chantent assis avec une mine austère, lui, il interprète des chants debout devant les salles et face à la caméra. Le public féminin qui l’acclame élargit son audience. Si la télévision va jouer un grand rôle dans la médiatisation de l’artiste outre son talent d’interprète, c’est avec la rencontre de Mahboub Bati que la popularité du chanteur grimpe en flèche. «Ce duo de choc donnait de la crédibilité au produit artistique avec des chansons vives, faciles et un texte à la portée du public et dont l’orchestration est moderne. Il fonctionnera pendant de longues années avec énormément de chansons qui vont marquer le public algérien», affirme l’auteur en rappelant à l’assistance que le chanteur était un vrai perfectionniste qui aimait les défis et respectait beaucoup son public .
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Posté Le : 06/08/2011
Posté par : litteraturealgerie
Ecrit par : Lynda Graba
Source : www.elmoudjahid.com