Cette rencontre au Centre culturel algérien de Paris, a réuni plusieurs intervenants à l’instar de Amel Chaouati (présidente du cercle des amis d’Assia Djebar), qui sont revenus sur cet ouvrage collectif, paru aux éditions Sedia.
“En Afrique, en Europe et aux États-Unis, des traductrices et des traducteurs ont choisi de réécrire, dans leur propre langue, les œuvres littéraires d’Assia Djebar et devenir ainsi sa voix. Comment ont-ils procédé ? De quelle manière ont-ils pu contourner les difficultés liées au style poétique et au contexte socioculturel et historique de l’écrivaine ? Comment ont-ils géré la trace d’autres langues, en l’occurrence l’arabe et le berbère, présentes dans le français d’Assia Djebar ?”. C’est à ces questions qu’ont voulu répondre les intervenants présents à la rencontre qui a eu lieu dernièrement au CCA de Paris autour de l’ouvrage Traduire Assia Djebar publié aux Éditions Sedia et dirigé par Amel Chaouati, présidente du “Cercle des amis d’Assia Djebar”. Pour elle, “la traduction intellectualisée n’est pas suffisante. Il faut une rencontre charnelle, intime avec l’œuvre et comprendre le texte de l’intérieur, ensuite il y un travail de recherche sur l’histoire, la culture, l’architecture… algériennes pour pouvoir traduire Assia Djebar. Il y a des détails dans son œuvre qu’il est nécessaire de comprendre pour pouvoir transmettre le message du texte dans la langue maternelle du lecteur”. Pour Amel Chaouati, la limite pour les traducteurs d’Assia Djebar est liée à la transmission fidèle de la poésie qui habite ses textes. “En espagnol et en italien c’était plus simple parce qu’ils sont proches du français, mais pour la japonais par exemple, cela a été extrêmement laborieux”. Amel Chaouti pense cependant que la traduction peut révéler des aspects qui échappent aux lecteurs des versions originales. L’œuvre d’Assia Djebar tend à l’universel, observe Nadjia Bouzeghrane, rédactrice en chef en France du journal El -Watan et modératrice de la rencontre. Ce que confirme une traductrice coréenne : “En lisant Assia Djebar, je comprends de tout mon cœur la solidarité des femmes arabes dont elle parle dans son recueil de nouvelles, ‘Femmes d’Alger dans leur appartement’, et bien que l’Algérie soit un pays éloigné géographiquement et culturellement de la Corée, je sens naître en moi une solidarité avec les femmes algériennes qui ont lutté et qui luttent encore et toujours pour leur fierté et la dignité humaine”. Au-delà de la différence des cultures, des langues et des distances géographiques, Assia Djebar possède une écriture qui parle à l’autre. Elle ne s’adresse pas uniquement aux Algériens et n’est pas lue que par eux. “Elle était une femme écrivaine, une intellectuelle, une politique et une formidable historienne. Elle était une contemporaine qui parle à tout le monde, et spécialement aux femmes du monde” explique Maria Naddotti, journaliste, essayiste et traductrice qui rappelle que l’académicienne était une figure d’excellence pour les femmes italiennes dans les années 80. De son côté, Vicenté Pradal, musicien, compositeur, raconte comment Assia Djebar lui a demandé de composer la musique du spectacle qu’elle voulait monter en Italie à partir de son roman Loin de Médine, sous forme d’une pièce théâtrale.
Après un travail acharné qu’Assia dirigeait de main de maître, “nous avons donné plusieurs représentation au théâtre de Rome et à Palerme avec des acteurs de divers horizons fédérés par cette musique inspirée d’un mélange de musique andalouse et orientale qu’Assia a beaucoup aimé”.
Le spectacle fut un grand succès, de l’avis des témoins de l’époque. Romancière, poétesse, essayiste, réalisatrice et femme de théâtre, membre de l’Académie française et traduite dans plusieurs langues, Assia Djebar, décédée à Paris le 6 février 2015 à l’âge de 79 ans, repose à Cherchell, dans la terre de ses ancêtres.
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Posté Le : 18/03/2019
Posté par : litteraturealgerie
Ecrit par : Par Ali Bedrici
Source : Liberte-algerie.com