Le premier ministre algérien, M. Abdelmalek Sellal, préside, jeudi à Alger, une réunion tripartite regroupant gouvernement, patronat et syndicats. L'objectif affiché est d'engager la concertation en vue de préserver la paix sociale et booster l'économie algérienne. Mais en pratique, tout le monde va botter en touche.
Le constat est partagé. Gouvernement, patronat et syndicats algériens conviennent que l'économie stagne, alors qu'elle réunit toutes les conditions pour assurer un véritable boom. Les « partenaires sociaux » vont donc vont tenter une nouvelle fois de trouver des solutions pour booster l'économie algérienne, au cours d'une qui se tient jeudi sous la présidence du premier ministre Abdelmalek Sellal.
A la veille de la réunion, l'optimiste était de rigueur. M. Boualem Merrakech, président de la Confédération algérienne du patronat (CAP), a qualifié la rencontre d'« excellente initiative». Il espère qu'elle va aller loin, pour amener de « profonds changements ». Le premier ministre Abdelmalek Sellal souhaite, quant à lui, que la concertation permette de trouver des « solutions adéquates pour relancer l'économie algérienne ».
Mais la rencontre de jeudi ne devrait guère apporter de changements notables, car elle reconduit les mêmes échanges, entre les mêmes partenaires, qui peinent depuis une décennie à relancer l'économie algérienne. M. Merrakech a parfaitement résumé cette situation en déclarant qu'il s'agit d'aller à quelque chose de « concret, réel et effectif ». Ce qui signifie que les rencontres antérieures, du temps de M. Ahmed Ouyahia ou Abdelaziz Belkhadem, ont accordé toutes les facilités légales et règlementaires possibles aux entreprises, mais que cela n'a rien donné.
Facilités bancaires, effacement de dettes bancaires et fiscales, aides de toutes sortes : le patronat algérien a tout obtenu lors de précédentes rencontres avec le gouvernement, mais cela est resté sans effet, car l'administration algérienne s'est trouvée incapable d'appliquer les mesures prises. « Il ne s'agit plus de décider, mais de mettre en 'uvre », a encore répété jeudi matin, une heure avant la réunion, M. Merrakech.
Le gouvernement s'apprête en fait à « botter en touche », estime un économiste. Pour lui, M. Abdelmalek Sellal va « se contenter d'afficher ses bonnes intentions », au cours de cette première prise de contact avec les partenaires sociaux depuis sa nomination comme premier ministre. Mais lui-même se défend d'avoir la moindre velléité. Il a ainsi précisé qu'il a présenté au parlement un « plan d'action », pour appliquer le programme du président Abdelaziz Bouteflika. Il demandera aux partenaires sociaux de contribuer à ce projet, avant la grande échéance politique que constitue l'élection présidentielle de 2014.
Même personnel, mêmes rapports, même démarche
Des ministères ont déjà anticipé cette méthode qui consiste à gérer une situation, en préservant la paix sociale, jusqu'aux prochaines échéances. Ainsi, le nouveau ministre de l'industrie, M. Cherif Rahmani, a mis en place une commission d'experts qui a élaboré un rapport devant servir de document pour le secteur. Selon les informations de Maghreb Emergent, le rapport remis cette semaine à M. Rahmani reprend les mêmes formules incitant à lancer des champions algériens de l'industrie, ou énumérant les secteurs dits stratégiques et d'autres qui le seraient moins. A quelques détails près, il reconduit les recommandations avancées par de nombreuses études antérieures.
M. Boualem Merrakech, qui affirme que « l'heure n'est plus au diagnostic », se contente de souligner les « dysfonctionnements » de l'économie algérienne. Le Forum des Chefs d'entreprises (FCE) avait, quant à lui, publié une série de 50 recommandations, alors qu'une association, « Nabni » (construisons), a formulé des propositions aussi détaillées. Mais tout le monde bute sur le même obstacle : un système économique paralysant, et impossible à surmonter.
L'économie algérienne devrait réaliser une croissance de 2.6 pour cent en 2012, et 3.4% en 2013. Un expert du FMI, en visite en novembre à Alger, avait déclaré que l'Algérie devrait faire entre 6 et 7 pour cent de croissance, et passer rapidement à une croissance à deux chiffres, car elle en a le potentiel, avec des financement abondants, un marché demandeur et un volume d'importations de 50 milliards de dollars qu'il faudrait remplacer progressivement par une production interne.
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Posté Le : 22/11/2012
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Aissa Bouziane
Source : www.maghrebemergent.info