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Renault : Les actionnaires de Nissan rompent les derniers liens avec Ghosn



Les actionnaires de Nissan ont révoqué lundi Carlos Ghosn du conseil d'administration, rompant ainsi officiellement les derniers liens du constructeur automobile japonais avec celui qui l'avait sauvé d'une quasi-faillite il y a 20 ans.
Les actionnaires, réunis en assemblée générale extraordinaire quelques jours seulement après la nouvelle incarcération à Tokyo de l'ancien président de Nissan, ont exprimé leur désarroi et leur inquiétude.
Carlos Ghosn nie toutes les accusations portées contre lui et affirme être victime d'un complot de la part du conseil de Nissan. Libéré le 6 mars contre le versement d'une caution de neuf millions de dollars après 108 jours de détention, il est à nouveau sous les verrous depuis jeudi, soupçonné d'enrichissement personnel aux dépens de Nissan.
Le directeur général de Nissan Hiroto Saikawa qui s'exprimait devant les actionnaires pour la première fois depuis le début de l'affaire en novembre dernier, a commencé par présenter des excuses.
Il a aussi expliqué qu'avant de céder sa place à la tête du groupe, il ferait en sorte de stabiliser Nissan. Ce qui prendra du temps, a-t-il ajouté.
"Ce n'est pas un problème que nous pourrons régler du jour au lendemain. Nous devons accomplir la tâche (d'améliorer la gouvernance) et préparer l'entreprise pour les prochaines étapes, puis passer le flambeau de la direction", a-t-il dit.
Les débats ont parfois été agités, interrompus par des interventions critiques dans la salle, où étaient rassemblés 4.100 actionnaires, presque un record.

"Je suis très méfiant"
Les actionnaires ont voté en faveur de la révocation du conseil d'administration de Nissan de Carlos Ghosn et de son ancien bras droit Greg Kelly, accusé de complicité. Greg Kelly nie également toutes les accusations portées contre lui.
Les actionnaires ont aussi approuvé la nomination en tant qu'administrateur du président de Renault Jean-Dominique Senard, une élection qui était attendue pour apaiser les craintes concernant l'avenir de l'alliance automobile franco-japonaise, dont il est président de droit.
A la tribune, Jean-Dominique Senard a souligné l'importance de l'alliance. "Je proposerai constamment les meilleures évolutions possibles dans le cadre de l'alliance", a-t-il dit. "Nous voulons assurer à Nissan l'avenir qui convient."
La chute de Carlos Ghosn, qui était l'un des dirigeants d'entreprises les plus connus dans le monde, semble avoir laissé certains actionnaires de Nissan perplexes.
"La situation semble aller plus loin qu'il n'y paraît sur la base des informations dont on dispose", a ainsi déclaré l'actionnaire Roberto Montoya, âgé de 68 ans. "Je suis très méfiant et la plupart des gens le sont."
Les avocats de Carlos Ghosn ont affirmé que l'arrestation de leur client la semaine dernière était une tentative de le museler, car l'ancien patron devait prendre la parole le 11 avril lors d'une conférence de presse.
Le Club de la presse étrangère au Japon (FCCJ) a annoncé sur son site internet qu'il diffuserait mardi une déclaration vidéo de Carlos Ghosn.
Hiroto Saikawa a déclaré que Nissan envisageait de réclamer des dommages et intérêts à Carlos Ghosn pour inconduite financière présumée. Il a également déclaré aux actionnaires qu'il n'était pas question de lui verser d'indemnités de rupture.
Carlos Ghosn fait l'objet de poursuites au pénal pour avoir omis de déclarer environ 82 millions de dollars (environ 73 millions d'euros) de rémunérations et pour avoir transféré temporairement à Nissan des pertes financières personnelles durant la crise financière mondiale. Ce qu'il dément.

Le parquet de Tokyo veut que la femme de Ghosn soit auditionnée
Le parquet de Tokyo a demandé aux juges d'auditionner Carole Ghosn, la femme de Carlos Ghosn, après la nouvelle arrestation de l'ancien président de Nissan pour des soupçons d'enrichissement personnel au détriment du constructeur automobile japonais, rapporte dimanche NHK.
Selon la chaîne de télévision publique, les procureurs soupçonnent Carlos Ghosn d'avoir fait transiter une partie des sommes qu'il aurait détournées via une société dont sa femme Carole est l'une des dirigeantes, cela afin d'acheter un yacht et un bateau.
Carlos Ghosn a de nouveau été arrêté jeudi matin par les procureurs de Tokyo, qui l'accusent d'avoir violé ses obligations professionnelles et d'avoir causé à Nissan des pertes financières de cinq millions de dollars (4,45 millions d'euros) entre décembre 2015 et juillet 2018.
Cette nouvelle détention de l'ancien P-DG de Renault serait en lien avec des paiements suspects effectués à un partenaire commercial de l'alliance Renault-Nissan à Oman, au Moyen-Orient.
Ghosn a qualifié son arrestation de "révoltante et arbitraire" et a demandé l'aide du gouvernement français, lequel a appelé samedi le Japon à respecter la présomption d'innocence et les droits de l'homme d'affaires franco-libano-brésilien.

Carole Ghosn en appelle aux autorités françaises
Les procureurs ont demandé à Carole Ghosn de se présenter à un interrogatoire comme témoin, une requête qu'elle a refusée, a rapporté la NHK, ce qui les a incités à solliciter les juges pour procéder à cet interrogatoire.
Aucun commentaire n'a pu être obtenu dans l'immédiat auprès du parquet de Tokyo.
Décrivant la nouvelle arrestation de son mari dans un entretien au Journal du Dimanche, Carole Ghosn déclare avoir refusé de suivre les procureurs lorsque ceux-ci se sont rendus jeudi au domicile du couple.
"Quand ils ont voulu me faire signer un mandat en japonais, j'ai refusé. Puis ils ont voulu m'emmener avec eux. Sur le conseil de mon avocat, j'ai refusé", raconte-t-elle.
Carole Ghosn, qui selon le JDD est arrivée à Paris samedi matin, dit ne pas se sentir soutenue par la France.
"Je demande solennellement qu'on lui laisse la présomption d'innocence comme à tout citoyen français et j'en appelle au président de la République", déclare-t-elle dans l'hebdomadaire dominical.
"Je ne veux pas que mon mari soit au-dessus des lois mais qu'il soit jugé de façon équitable", ajoute-t-elle en précisant que "peut-être que les autorités font quelque chose mais moi, je ne vois rien".
L'épouse du président déchu de l'alliance Renault-Nissan a également relayé cet appel dans le Financial Times, auquel elle a accordé un entretien avant de quitter le Japon par avion vendredi soir. Carole Ghosn a demandé au gouvernement français "d'en faire davantage" pour son mari. "Je ne pense pas qu'il a eu suffisamment de soutien", déclare-t-elle dans des propos rapportés dimanche par le journal.
Contactée par Reuters, la présidence de la République a précisé suivre la situation et "exerc(er) pleinement la protection consulaire".
"L'ambassadeur de France est en contact régulier. L'épouse de Carlos Ghosn a été reçue par le secrétaire général (Alexis Kohler) au cours de la précédente incarcération" de l'ex-patron de Renault et Nissan, indique-t-on à l'Elysée.
La détention de Carlos Ghosn a été approuvée jusqu'au 14 avril par le tribunal du district de Tokyo. Les procureurs pourront ensuite demander une détention supplémentaire de dix jours, après quoi ils devront l'inculper ou le libérer.


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