Algérie

Remous chez les soldats du feu à Béjaïa



La tension est montée d'un cran chez les sapeurs-pompiers de Béjaïa, suite à la suspension de sept agents parmi les membres de la coordination syndicale de la Protection civile de l a même wilaya. Les sept fonctionnaires suspendus font partie des 230 pompiers sanctionnés par le ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales, au lendemain d'une journée de protestation nationale, à travers laquelle ce même corps constitué réclame l'amélioration de ses conditions de travail et salariales.Il faut souligner que l'action de protestation organisée, dimanche 2 mai dernier, à Béjaïa, a été initiée par la coordination syndicale locale, contrairement à la manifestation ayant eu lieu à Alger, où les pompiers en colère se sont mobilisés en dehors du cadre syndical.
Cela dit, la sanction infligée aux sept sapeurs-pompiers de Béjaïa n'a pas manqué d'exacerber la colère de toute la corporation qui ne compte pas d'ailleurs passer sous silence cette "mesure répressive", d'autant plus qu'elle vise des délégués syndicaux, connus pour leur engagement en faveur des droits des travailleurs.
En effet, à en croire les dires d'un syndicaliste des pompiers, qui préfère s'exprimer sous le sceau de l'anonymat, la situation ne tend pas vers l'apaisement. Bien au contraire, la colère gronde chez les soldats du feu à Béjaïa. Notre interlocuteur n'exclut pas d'ailleurs, le recours imminent à d'autres actions de protestation en signe de solidarité avec tous les pompiers suspendus.
"Nous sommes en train de nous organiser pour reprendre le chemin de la protestation. En plus de nos revendications socioprofessionnelles, nous allons exiger l'annulation de ces sanctions disciplinaires", nous confie notre source. Avant de déplorer qu'"au lieu d'ouvrir les portes du dialogue et engager les négociations avec le partenaire social, notre tutelle préfère recourir à la répression et à la fuite en avant !".
De son côté, Ali Redjradj, pompier en retraite et ancien secrétaire national chargé des conflits sociaux au sein de la Fédération de la Protection civile affiliée à l'UGTA, condamne le "recours systématique" à la répression et à des sanctions administratives à l'encontre des syndicalistes et fonctionnaires protestataires.
"Ces mesures de suspension sont en violation flagrante de la loi 90-14 relative à l'exercice du droit syndical. Il s'agit d'une violation de l'immunité syndicale pourtant garantie par la réglementation en vigueur", a-t-il soutenu. Selon lui, ces revendications socioprofessionnelles sont plus que légitimes, car elles ne datent pas d'aujourd'hui. "En fait, ce sont les mêmes revendications que nous avions déjà exposées à maintes reprises auprès de la tutelle, malheureusement celle-ci ne parle que le langage de la répression. Nous avons déjà eu à subir dans le passé les mêmes pratiques punitives allant jusqu'à des licenciements abusifs", a-t-il déploré.
Parmi les doléances insatisfaites des pompiers, notre interlocuteur cite "la prime de contagion" et "les 80 heures supplémentaires qu'exerce chaque agent de la Protection civile par mois, sans aucune contrepartie". Selon M. Redjradj, le métier de pompier qui demeure des plus périlleux, est paradoxalement le moins payé de la Fonction publique.
"C'est vraiment à la limite de la hogra !", s'est-il indigné. En témoignent d'ailleurs, les slogans mis en avant par les pompiers de la wilaya de Béjaïa, lors de leur dernier sit-in, observé dimanche 2 mai, dans l'enceinte du siège de l'unité principale de la Protection civile, sise aux quatre chemins. "Un salaire minable !", lit-on sur un imposant écriteau brandi par les protestataires.

KAMAL OUHNIA


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