Algérie

Remous au marché de la dinde de Magtaâ Kheira de Douaouda



L'administration de la wilaya de Tipasa a annoncé récemment la fermeture d'un abattoir illégal de dinde dans la région de Megtaâ Kheira, avec la fermeture du marché jusqu'à nouvel ordre. Pourquoi une telle mesure '
« Nous avons décidé la fermeture définitive d'un abattoir illégal de dinde, dont l'état était catastrophique. Il s'agit d'un espace commercial dans le territoire de la commune de Douaouda contrôlé anarchiquement, depuis des années, par un groupe de commerçants de dinde, qui l'ont transformé en une décharge de restes de dinde, d'où émanent des odeurs nauséabondes dans l'irrespect total des règles d'hygiène », a-t-il été déclaré .
La population locale, quant à elle, ne l'entend pas de cette oreille en déclarant qu'il s'agit « d'un marché légal ».
Rappelons à ce titre que l'implantation de ce marché dans Magtâa Kheira, un célèbre tronçon routier situé dans la périphérie immédiate de Douaouda-Ville ,et qui se prolonge jusqu'à Koléa, drainait un flux important d'automobilistes, en fait de potentiels clients qui s'arrachaient au prix fort les quartiers de dindes étalés pêle-mêle sur des étals de fortune. L'on se rappelle les mois de Ramadhans passés, où le prix du kilo avait atteint 400 dinars.
Aujourd'hui en 2020, ces faits appartiennent désormais au passé, car cette paisible contrée n'est plus bordée de commerces à la sauvette de fruits, légumes, poissons frais, et galettes de pain. Seule la dinde découpée en quartiers trône.
Organisés en mini-marchés intégrés de 360 mètres carrés, dotés de chaînes de froid et d'abattoirs, installés tout le long de la route départementale reliant Douaouda à Koléa, ils étaient la fierté de la commune. L'expérience et la notoriété de Magtaâ Kheira avaient dépassé les frontières de la région.
Les wilayas d'Alger, de Blida et de Aïn Defla avaient alors implicitement accepté le principe d'un marché interwilayal de la dinde, au niveau de Magtaâ Kheira.
Près de cinq millions de dinars continuaient à être investis par la collectivité et la wilaya , en vue de légaliser cette activité, qui fait la réputation de cette contrée.
C'était à ce titre que chaque mini-marché intégré disposait de sa propre tuerie, de chambres froides et d'étals d'un design particulier. Lors des périodes de pointe, ces marchés regroupent jusqu'à 200 revendeurs de dinde.
Cependant, Magtaâ Kheira n'a pas résisté à l'épreuve de la rumeur et de la pandémie de Covid-19. Les prix de la dinde connaîtront alors des baisses importantes.
Les prix sont passés de 400 dinars le kilogramme à 150 dinars aujourd'hui. Sans trouver preneurs.
Ainsi, malgré le confinement et un abattage légal contrôlé par les services sanitaires, les jeunes revendeurs n'arrivent pas à écouler leur marchandise face à la concurrence déloyale des vendeurs clandestins.
Hélas, aujourd'hui, les tas d'immondices, stockées sur les rebords de la route par des clandestins, font que les regards des clients sont devenus très sceptiques. Ces derniers ne s'attardent même pas comme à l'accoutumée. Ils ne négocient ni le prix, ni la qualité.
La dinde de Magtaâ Kheira cherche toujours acquéreur désespérément
La psychose de la grippe aviaire qui planait, tel un fantôme, sur des lieux déjà quasiment désertés, situés entre Douaouda et Koléa, autrefois synonymes de faste et de pérennité commerciale, est remplacée par celle du Covid-19.
Magtaâ Kheira n'est plus que l'ombre d'elle-même
La solution, les revendeurs, affirment l'avoir trouvée. C'est de mettre le client en confiance, en demandant l'intervention de vétérinaires attitrés et un contrôle rigoureux des services de sécurité.
Mais quelques rares clients nous affirment avec conviction que «la vérité de ce marasme est ailleurs et pas dans la dinde de Magtaâ Kheira, elle se trouve dans le pouvoir d'achat des Algériens».
A ce titre, des voix s'élèvent pour rappeler que ce marché résorbe le chômage en rappelant que plus de 80 jeunes revendeurs de dinde de Magtaâ Kheira, officiellement identifiés, parmi les 170 qui exerçaient d'une manière illicite et informelle dans ce juteux commerce, avaient bénéficié des « 100 locaux commerciaux », et dont certains furent accompagnés dans leurs démarches par l'Ansej, en vue d'améliorer les conditions de distribution, de pesage, d'emballage et de conservation.
Toujours à ce titre, les élus locaux nous avaient affirmé qu'ils nourrissaient l'espoir secret de voir ce marché pilote généralisé à d'autres sites et à d'autres activités.
Toujours selon ces mêmes sources, les commerçants des wilayas limitrophes d'Alger et de Blida avaient déjà manifesté leur intérêt pour cette initiative originale, qui draine quotidiennement des milliers de clients. Il s'agit en fait d'un immense supermarché spécifique à la dinde, où des ménagères font le parcours Alger-Douaouda et Blida-Douaouda, chaque semaine, pour s'approvisionner.
Ainsi, dans un passé récent, on pouvait observer, chaque jour, des attroupements autour de vendeurs de dindes, égorgées, déplumées, prêtes à faire le bonheur des familles qui raffolent de cette chair succulente, mais surtout bon marché.
Ainsi, l'enjeu de cette contrée, qui fut un immense marché national à ciel ouvert, où la dinde se vendait à des prix défiant toute concurrence, risque de se perdre à tout jamais.
Houari Larbi


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