Les commentaires du ministre des Moudjahidine, Mohamed Cherif Abbas, livrés à notre confrère Al Khabar sur la visite que s?apprête à effectuer en Algérie début décembre le président français Nicolas Sarkozy aurait pu être un point de vue comme un autre avec lequel on peut être d?accord ou pas si l?auteur n?était pas un ministre de la République et la cible choisie, un chef d?Etat étranger que l?Algérie s?apprête à accueillir. « Il n?y a rien à attendre de la visite du président français qui est une simple visite protocolaire », croit savoir le ministre des Moudjahidine qui ne se contente pas d?affirmer que cette visite est inutile, mais pousse l?indélicatesse jusqu?à s?intéresser aux origines du président français. L?argumentaire que met en avant Mohamed Cherif Abbas pour solder les comptes au président français qui est l?instigateur de la loi sur la glorification de la colonisation française en Algérie est la plus mauvaise plaidoirie que le ministre des Moudjahidine ait trouvée pour défendre et rendre justice à la mémoire et à l?histoire du peuple algérien. Les propos du ministre des Moudjahidine ont provoqué un tollé dans la classe politique et les médias français qui les ont qualifiés, sans la moindre nuance, d?antisémites. Mohamed Cherif Abbas a réagi hier en soulignant qu?il « n?a jamais été dans mon intention d?enfreindre le principe que respectent les responsables algériens et que m?impose mon obligation de réserve, celui de ne jamais porter atteinte à l?image d?un chef d?Etat étranger ». Pour le ministre, les commentaires faits autour de ses propos ne sont que pure spéculation. Mohamed Cherif Abbas a peut-être raison sur un point dans ce front qu?il vient d?ouvrir à travers des déclarations pour le moins inopportunes et indélicates parce qu?intervenant en dépit des règles d?hospitalité chères au peuple algérien en parlant de spéculations et de lectures erronées que d?aucuns auraient pu faire de ses propos. En parlant des origines juives du président français et du lobby juif qui l?a propulsé à la tête de l?Etat français, s?est-il pour autant rendu coupable d?antisémitisme comme on le lui reproche outre-mer ? C?est l?éternel débat dans lequel on voudrait enfermer l?histoire et la pensée et qui consiste, au nom de l?holocauste, à diaboliser toute personne non juive qui oserait prononcer le mot juif. Pour le reste, le ministre a beau crier à la manipulation et se défendre de s?être rendu coupable d?un quelconque outrage à chef d?Etat étranger, il demeure que ses propos à travers lesquels il s?est autorisé à piétiner les plates-bandes du président Bouteflika en décrétant vaine et, à mots à peine couverts, presque malvenue la visite de Sarkozy, ne pouvaient pas laisser indifférents les milieux officiels français, mais aussi certainement algériens. Inévitablement, il met du coup le chef de l?Etat dans un réel embarras et frôle l?incident diplomatique. Au regard des remous suscités outre-mer par les déclarations du ministre des Moudjahidine, il est difficile de ne pas voir dans le communiqué du ministre diffusé hier sur le fil de l?APS l?ombre d?une réaction en haut lieu qui entend ainsi se démarquer des propos du ministre et à calmer le jeu. Si c?est le cas, qu?est-ce qui aurait alors empêché la présidence de la République, qui est entraînée malgré elle dans cette polémique, de désavouer publiquement le ministre ?
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 29/11/2007
Posté par : sofiane
Ecrit par : Omar Berbiche
Source : www.elwatan.com