Algérie

Remodelage '


En adhérant au groupe des Brics, l'Arabie Saoudite a-t-elle complètement coupé les cordes de l'alliance stratégique avec les Etats-Unis ' Les lignes géopolitiques bougent d'une manière qu'on n'aurait pas soupçonnée, il y a cinq ou six ans. On sait que les relations entre les deux pays ne sont plus ce qu'elles étaient au siècle dernier, mais on croyait que cela faisait partie des hauts et des bas qui les caractérisaient, jusqu'à cette adhésion de l'Arabie Saoudite aux Brics, qui semble avoir scellé la fin de l'alliance stratégique en cours depuis plus de sept décennies. C'est comme si on était arrivé à un point où les Etats-Unis n'ont plus besoin de l'Arabie Saoudite et vice-versa. Les Etats-Unis ne sont plus dépendants du pétrole saoudien depuis qu'ils sont devenus les premiers producteurs d'or noir grâce à l'exploitation du pétrole et gaz de schiste.Et les Saoudiens ont été convaincus qu'ils ne peuvent plus compter sur le parapluie sécuritaire américain après les attaques de drones et de missiles par les houthis visant un champ pétrolier et une raffinerie, sans donner lieu à aucune «réponse militaire automatique» de la part des Américains, qui soutenaient que toute atteinte aux intérêts du territoire saoudien serait considérée comme un acte d'agression envers les Etats-Unis. «Le pétrole contre la protection militaire» est un système qui n'a plus de valeur, dans un monde qui court à grande vitesse vers de profondes mutations. Comme en témoigne le rétablissement de la bonne entente et des relations diplomatiques entre l'Arabie Saoudite et l'Iran, grâce à une médiation de la Chine. L'Arabie Saoudite, qui peut faire valoir ses nombreux atouts économiques, dans ce groupe, a tout à gagner à travers l'intégration du groupe des Brics, en rejoignant d'autres pays gros producteurs de pétrole (Iran, Emirats Arabes Unis et Russie), avec lesquels il est possible d'avoir une grande influence sur le marché pétrolier mondial. Mais, ce n'est pas le cas de le dire pour les Etats-Unis qui, même s'ils ne perdent rien sur le plan économique, peuvent subir les conséquences de cette rupture de l'alliance stratégique sur d'autres registres. Une envolée des prix du baril qui entraînerait une hausse de prix de l'essence à la pompe, compliquerait sérieusement la réélection du Président Biden.
Et, il y a également Israël qui, pour les Etats-Unis, compte plus que l'Arabie Saoudite sur l'échiquier du Proche-Orient, et qui commence à ressentir un isolement dans le sillage d'une entente entre l'Iran et l'Arabie Saoudite, et le projet de réalisation d'une centrale nucléaire en Arabie Saoudite par les Chinois. Aujourd'hui, avec l'adhésion de l'Arabie Saoudite et des Emirats Arabes Unis au groupe des Brics, l'inquiétude gagne plus encore les Israéliens, qui inspirent la politique US au Moyen-Orient, y compris sur le plan de la normalisation des relations diplomatiques avec les pays arabes, craignant même une remise en cause des accords d'Abraham. Certains observateurs qui s'interrogeaient, ces dernières années, s'il s'agissait d'un rééquilibrage ou d'un calibrage des relations entre les Etats-Unis et l'Arabie, devraient désormais ajouter au lexique le mot remodelage.
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