En réalité, durant
les trois dernières décennies, les parcours steppiques des Hautes Plaines
d'Algérie ont été marqués par une dégradation intense affectant le couvert
végétal, la
biodiversité et le sol. C'est la cas de l'alfa (Stipa tenacissima ) dont la régression est
prise ici comme principal indicateur. C'est une plante pérenne qui, par
définition, est capable de persister durant les conditions sévères de
sécheresse en maintenant une activité physiologique même au ralenti. Les
steppes à alfa assurent la transition entre
les groupements forestiers et les groupements steppiques.
Les surfaces occupées par l'alfa étaient selon
des experts de l'ordre de 5 millions d'hectares au début du siècle, dont une
grande partie dans la wilaya
de Tlemcen. Malheureusement, les spécialistes ont noté que
ces dernières sont réduites à moins de 2 millions d'hectares à
ce jour. L'importante dégradation des nappes alfatières est due à leur exploitation intensive car l'alfa constitue la matière première
de la pâte à
papier et est utilisé également par le secteur artisanal traditionnel pour la vannerie. En moins de
dix années, de grandes étendues de steppes denses d'alfa ont été détruites
suite aux aléas climatiques et à l'exploitation par l'homme et ses troupeaux
durant des années.
La production d'alfa dans les régions de Tlemcen
était immense, estimée à plusieurs milliers de tonnes,
et des centaines d'emplois ont été générés. La production a l'époque
était destinée pour la
fabrication du papier, et les zones steppiques de Tlemcen
étaient d'un apport très appréciable pour l'économie du papier (40 kgMS.ha).
A partir de 1985, la baisse s'est accélérée
dans la zone pâturée
librement et cette tendance régressive s'est maintenue malgré le retour des
pluies. Que le surpâturage soit la cause principale de dégradation, cela peut
cependant surprendre. L'alfa, selon les spécialistes, est connue pour être un
fourrage d'appétibilité très médiocre. A cela s'ajoute la récolte de l'alfa pour
l'industrie papetière qui était l'autre exploitation que subissait cette plante.
Cette activité a débuté en 1862 avec 450 tonnes
récoltées et exportées pour atteindre 63 000 tonnes dès 1879. La récolte, même pratiquée
manuellement, a été certainement préjudiciable à la reproduction de la ressource dès lors
qu'il était établi qu'un hectare pouvait fournir une tonne alors que la productivité biologique
est le plus souvent en deçà de cette valeur. Cette exploitation a nettement
décliné dès les années 1970 ; autrement dit, elle serait faiblement impliquée
dans la dégradation
des années 1980.
Cependant, et dès 1984, année la plus sèche, la baisse de la biomasse entre 1982
et 1984 peut s'expliquer, dans toute la
zone, en grande partie par la sécheresse. Le
déficit fourrager déjà chronique s'est aggravé et pour le combler, les éleveurs
ont eu recours aux zones steppiques actuellement nues.
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Posté Le : 12/03/2012
Posté par : sofiane
Ecrit par : Y B
Source : www.lequotidien-oran.com