Algérie

Remise en scène


Un théâtre fouillant en l'humain la vérité et le faux-semblant, une thématique qu'il explore depuis le début des années 1990 avec Destination, cratère Chicago, de Ray Braduburry. Il s'y est encore pris jeudi de façon tout aussi épurée dans son écriture scénique.Il joue des lumières avec parcimonie, sans l'abusif clair-obscur et autre accusé contraste, dont c'est devenu plus une mode qu'une nécessité dans nombre de spectacles depuis quelques années. Débutant sans relief, El hariss monte progressivement en épaisseur, révélant par petites touches les fragilités de ses personnages.
La musique d'atmosphère est aussi à dose homéopathique. Quant au texte, traduit par Abbar avec quelques menus changements, son intrigue ne se passe plus en Grande-Bretagne, mais dans un pays indéterminé. Le personnage du gardien n'a plus de nom et ceux des lieux sont gommés. Mohamed Ben Khal a rattrapé son faux pas commis lors de la représentation donnée au théâtre Abdelkader Alloula. Cette fois, son personnage de gardien, odieux, raciste, égoïste mais aussi victime, n'est plus exclusivement dans le burlesque.
En ne déconcentrant plus ses compagnons de scène, il a ainsi permis à Benbakriti Mohamed de nous gratifier d'un superbe numéro d'acteur et d'un moment d'émotion de grande intensité. Quant à Hocine Bensmicha, il a été égal à lui-même. Ainsi, la compétition à la 12e édition du FNTP se révèle de plus en plus serrée après plusieurs spectacles de grande qualité passés sur la scène du théâtre Mahieddine Bachtarzi. Ajoubani, du théâtre Kateb Yacine, d'après Le foehn, de Mouloud Mammeri, a su éviter les pièges de la commémoration, celle du 100e anniversaire de son auteur. La mise en scène est dépouillée, sans la grandiloquence que le thème de la guerre de Libération nationale entraîne généralement.
Derrière, il y a Sid Ahmed Benaïssa, qui démontre encore une fois qu'il est un grand directeur d'acteurs. Désolé?., je ne demande pas pardon, du théâtre de Mascara, mis en scène par Aïssa Djakati et écrit par Mohamed Bachir Ben Salem, est dans la même veine que Ajoubani, celui de la dénonciation du crime colonial.
Dommage, le spectacle n'était qu'à sa deuxième représentation, son montage sur scène s'est fait hors de ses bases, le théâtre de Mascara demeurant inexplicablement fermé alors qu'il a été réhabilité. C'est principalement sur les détails que le spectacle a souffert, entre autres pour ce qui est de l'exploitation de son imposante scénographie. Malika Guetni, un des deux protagonistes de ce huis clos, s'est dépensée généreusement, sauf que la psychologie de son personnage et ses motivations nécessitent d'être mieux définies. Quant à Bouzid Waïl, il a reconduit sans le punch qu'il avait révélé le même personnage qu'il a campé dans Adou Ech-chaâb (l'ennemi du peuple) monté par Haïder Benhassine.
Attention Waïl au danger du tic ! El achiaâ (la rumeur) produit par le théâtre Oum el Bouagui, d'après le Revizor de Gogol est un texte très visité par le théâtre algérien, et pour cause. Il a été cette fois adapté par Ali Djebbara, qui a su préserver la truculence de son intrigue à propos de l'encanaillement par la corruption des élites politiques et administratives locales. La mise en scène de Khoudi est allée dans le grossissement du trait, sauf que sa nombreuse distribution n'était pas au même niveau de performance dans l'incarnation des personnages. Celle de Feriel Amina, dans le rôle de l'épouse du maire, est notable. A cet égard, pour être le moins injuste possible particulièrement à l'endroit des comédiens des seize spectacles en lice, le jury va être certainement obligé de décerner des prix ex aequo.
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