Algérie

Relizane Les «Hell's Angels», les âarchs et la politique



Lundi 7 mai, le soleil de Relizane faithonneur à sa réputation de puncheur. La chronique hebdomadaire locale fait lapart belle aux patrons de partis venus de la lointaine Alger, mais sans plus. Après Benyounès de l'UDR, Belkhadem du FLN,Sadi du RCD, Touati du FNA et Hanoune du PT, la ville attend un dernier invitéde marque en la personne de Ouyahia du RND. Des visites qui ont laissé presqueindifférents les Relizanais qui voient dans cette procession de voitures noireset d'étrangers encadrés par des «locaux» en campagne, une intrusion dans leurquiétude quotidienne et une course effrénée vers les neuf sièges qu'offre lacapitale de la Mina. En dehors des affiches électorales collées, un peu partoutsur les murs de la ville, des sites d'affichage officiels embouteillés parplusieurs couches de visages, et les permanences partisanes ouvertes, le tempsd'une campagne vite essoufflée, rien ne laisse présager de l'imminence d'unprochain scrutin. «Les gens sont blasés, ils ne croient plus à ces votes», lasentence est de Majid, un chômeur «professionnel» qui n'attend plus rien de cesélus qui s'affichent publiquement quinze jours avant les élections. Un constatque beaucoup de Relizanais partagent volontiers préférant, parfois, tournerleur amertume en dérision. «Ce ne sont pas des élections, c'est du commerce»,résumera Djelloul, un enfant du bled. «Je n'ai jamais voté et je ne voterai paset si je vote ça sera contre mille dinars», dira, non sans rire, Ahmed. Celongiligne trentenaire s'en prend à l'Assemblée et plus particulièrement à sacomposante. «C'est une maison de repos et ils ne voudront la quitter que pourse diriger directement vers le cimetière». Son compagnon, jovial dans sonembonpoint, s'accordera, également, sur la perte de confiance du peuple, «lesdéputés sont absents, on a voté pour le RND, le FLN mais ils n'ont rien fait enretour pour la ville et ils ne réapparaissent qu'au moment du vote»,finira-t-il par lâcher en nous prenant témoin de sa franchise. A la cité DNC etplus précisément au niveau des caves de l'OPGI, les bureaux de wilaya deplusieurs partis, font face aux bruits et rumeurs que charrie la ville. Al'entrée des escaliers menant au bureau de Benelhadj Djelloul Kouider, élucommunal et un des responsables locaux du RND, trône une photo de Ouyahia,datée de 2002. D'emblée, il soulignera son optimisme quant à l'issue duscrutin. «On table sur quatre ou cinq sièges», affirmera t-il sans ciller. Leparti, qui a perdu la presque majorité de ses députés lors des dernières législatives;le nombre de sièges passant de 7 en 1997 à 1, cinq ans plus tard, compte surses 4.500 adhérents, avec 80% de nouveaux militants, pour se relancer sur lascène politique locale. Quant à l'ambiance de la campagne, notre interlocuteuravouera sa tiédeur tout en enchaînant sur les «dérapages» de la campagne quitrouvent leur essence dans les pratiques de la nuit. L'information faisant étatde la présence de «voyous» circulant à moto avec pour mission de vandaliser lessites d'affichage et de passer à la peinture noire les visages «ennemis», estpartagée par les différents Q.G partisans. Ces «Hell's Angels» d'un nouveaugenre seraient payés deux mille dinars par certains mécènes politiques. «Onn'accuse aucun parti», dira, pour sa part, Belkaoussa Lazreg, responsable dubureau de wilaya du FNA. «Ces élections sont à part et les gens ne semblent pass'y intéresser grandement», ajoutera-t-il un peu déçu de la suite desévénements. Le parti de Moussa Touati qui avait glané un siège, à Relizane,lors des législatives de 2002, l'a vite perdu après la défection de son député,passé avec armes et bagages au RCD. A la rue de la Remonte, en pleincentre-ville historique de la Cité, se trouve la permanence électorale deFellahi Adda, député sortant de Relizane sous la bannière d'El-Islah et qui seprésente pour un deuxième mandat sous les couleurs de la formation Nahda.Absent pour raisons familiales, c'est le secrétaire de wilaya et membre duconseil national du parti qui nous recevra. Medjadj Jamel, le frère de l'entraîneurdu club de football du NAHD, insistera sur la bonne organisation interne etreviendra sur l'épisode des affiches lacérées en essayant de leur trouver uneexplication sociale. «En elle-même, c'est une pratique malsaine mais ellerenseigne sur le choix du peuple.» En coulisse et loin des lectures politiquespermises et tolérées se joue un bras de fer séculaire entre les deux «âarchs»représentatifs de la région. Les Flitta, une confédération de 25 tribusfédérées, il y a plusieurs siècles, par Sidi M'hamed Benaouda, d'un côté et lesOuled Sidi Bouabdallah de l'autre, sont au centre d'une bataille électorale. Laquasi-majorité des candidats n'hésitent pas à afficher leur adhésion et leuraffiliation à l'un des deux camps notamment en visitant le mausolée de SidiM'hamed Benaouada qui demeure le «boulevard par lequel passe la voie royalevers le palais Zighout dans l'imaginaire des aspirants à la mandaturequinquennale» selon l'analyse de Mohamed, un universitaire très au fait dumicrocosme politique et tribal de la société relizanaise. Il expliquera savision par la perte de crédibilité des politiques alors que la zaouïa a gardéson rôle et son aura fédérateurs.


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