Algérie

Relizane: Les diabétiques face aux charlatans



C'est un Boucetta des mauvais jours qui a animé un point de presse très restreint, jeudi dernier, au siège de l'association «Amel» des diabétiques à Relizane. Usant de sa qualité de secrétaire national, il appelait carrément au secours devant la montée de tous les charlatanismes, mais également des glycémies et amputations qui en découlent chez les patients diabétiques, notamment les plus âgés, prédisposés, remarque-t-il, de par leur culture et leur désespoir, à toutes les croyances aussi ridicules soient-elles.

 Ainsi et éprouvant déjà d'énormes difficultés à astreindre les malades, analphabètes pour une grande partie d'entre eux, au régime strict et contraignant de la maladie où le facteur diabétique est prépondérant, voici que l'association est confrontée à une caste de néo-alchimistes guidés par la seule «foi» du profit, car leurs mixtures miracles allient autant les vertus des plantes médicinales, que les croyances ancestrales et la médecine coranique. Il fallait faire face d'abord à des guérisseurs faiseurs de miracles, appuyés pour certains de transpondeurs satellitaires, dont Al-Hakika de cheikh Hachimi, Ezzahra et bien d'autres encore. Ces produits d'importation «surfacturés», en provenance de Dubaï et d'autres émirats arabes, échappent généralement aux contrôles d'usage des douaniers car dissimulés dans des tapis et meubles d'Orient très prisés ces dernières années.

 L'autre curiosité, à l'origine du retrait inexpliqué de beaucoup de patients adhérents à l'association, des habitants de la région de Ammi Moussa pour la plupart, dont le retour aux services et soins médicaux proférés par «Amel» aura non seulement permis de les sauver de complications certaines, affichant des taux de glycémie au-delà des 3 g/l, mais surtout de savoir qu'elles fréquentaient le dénommé M.A. qui prétend guérir le diabète sucré en administrant à ses clients le lait «béni» d'un caprin mâle, le bouc de Ammi Moussa, par doses de 100 ml à 1.000 dinars le flacon.

 Son analyse physico-chimique pourrait attester qu'il s'agit effectivement de lait, nonobstant son côté mystique d'être fourni par un mâle, qui exige une quantité minimale «fraîche» de 400 ml, selon un laboratoire privé, ceux étatiques ne réalisant que sa teneur bactériologique, dont le concours a été sollicité par M. Boucetta. Celui-ci tenait d'une main une petite dose dont la texture à vue d'oeil s'apparente à du lait, et de l'autre une carte de visite au nom de M.A., qui répond à l'appel et fixe même des rendez-vous et oriente ses visiteurs nombreux à se perdre à Ammi Moussa, défiant dès lors et la DSP et la DCP.

 Même si une action judiciaire est envisagée par l'association wilayale, préoccupée cependant à préparer ses actions pour le mois de Ramadhan et son «couffin», et par la suite pour la prochaine rentrée et son trousseau, opérations reléguant au second plan la lutte contre les charlatans de tout bord et de leurs alliés, alchimistes des temps modernes.




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