Algérie

Reliquat



Chadli Bendjedid n'aurait pas pu mourir un 5 Octobre. Cela aurait été trop symbolique pour que les autorités algériennes annoncent le décès en ce jour chargé d'histoire et que le défunt président a traînée jusqu'à son lit de mort comme la croix d'un damné.
Trois mois après le président Ben Bella, un autre ancien chef d'état part dans l'intimité froide d'une chambre d'hôpital. Doucement, lentement et sans témoin, la mort est venue prendre une partie de l'histoire tragique de l'Algérie avec ses secrets, ses controverses et ses drames inavoués. Car il est difficile, même en ces moments de deuil, de trouver un hommage convenable à rendre à un Chadli Bendjedid qui ne fut pas un modèle de gouvernance.
Car comment parler de l'homme sans évoquer la 'décennie noire" ' La vraie, l'unique et non pas celle qui est venue après avec son cortège de guerre interne, de morts et de déchirements d'une nation exsangue. Pour les historiens et les observateurs, c'est ce legs lourd qui collera à jamais à l'image de Chadli Bendjedid, parti sous la menace d'un coup d'état de l'armée qui n'en voulait plus.
Celui qui ne s'est jamais prétendu professionnel de la politique, venu au pouvoir par l'ancienneté du grade et des conclaves brejnéviens, n'a jamais été, un seul jour, dans la peau d'un président incontesté. Du démantèlement des grandes entreprises publiques à l'affaiblissement de la décision stratégique algérienne en passant par le jeu pervers avec les islamistes, la répression du premier printemps amazigh, la libéralisation sauvage ou la paupérisation de la population, Chadli Bendjedid peut prétendre, à chacune de ses étapes, à sa part de responsabilité.
Le 5 Octobre 88 fut le couronnement absurde de sa quête effrénée d'un pouvoir déliquescent, une sorte de Moubarak par anticipation, ou un Ben Ali otage de sa belle-famille. Chadli Bendjedid a voulu être le père d'une démocratisation forcée, d'une ouverture politico-médiatique menée au pas de charge juste pour laver un bilan indéfendable. Car les conséquences de ces années 80 insouciantes étaient simplement un cycle de violence jamais égalé et une déflagration annoncée du pays que seul le patriotisme populaire a su endiguer.
N'empêche, comme pour Ben Bella, l'Algérie va rendre un hommage solennel à Chadli Bendjedid comme le veut son statut, mais cela n'effacera absolument rien de son bilan.


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