Algérie

Relations tendues entre Paris et Bamako



L'éventuelle arrivée de la société de sécurité russe Wagner au Mali a provoqué des tensions entre Bamako et Paris, dont l'annonce du retrait des soldats français n'a pas été du goût des militaires au pouvoir dans ce pays très instable du Sahel.Le torchon brûle entre le Mali et la France, dont l'ambassadeur à Bamako a été convoqué mardi par les militaires au pouvoir, après les propos du président français Emmanuel Macron, dans un entretien qu'il a accordé à France Inter. "L'armée française n'a pas à se substituer au 'non-travail', si je puis dire, de l'Etat malien", a lancé le chef de l'Etat, soulignant qu'"on ne peut pas demander à nos soldats de remplacer ce qui est le travail de votre Etat". "Nous ne sommes pas à la place du peuple", a-t-il lâché, plaidant que "vous ne pouvez pas bâtir l'histoire d'un peuple en agissant depuis l'extérieur et en vous substituant à sa souveraineté". "Le ministre a invité les autorités françaises à la retenue, en évitant des jugements de valeur", a commenté le ministère malien des Affaires étrangères dans un communiqué.
Le texte fustige les "propos inamicaux et désobligeants" d'Emmanuel Macron et exprime une "vive protestation contre ces propos regrettables". La diplomatie malienne, dans son communiqué, appelle la France à "se concentrer sur l'essentiel, notamment la lutte contre le terrorisme dans le Sahel". En expliquant les raisons du changement du plan de déploiement de l'armée française au Sahel, plus particulièrement au Mali, Emmanuel Macron avait, dans sa réponse, estimé qu'"il fallait que l'Etat revienne avec sa justice, son éducation, sa police partout, en particulier au Mali", faisant en fait référence au vide généré par l'instabilité politico-sécuritaire dans le nord du Mali, où la situation demeure fragile et la mise en ?uvre de l'accord de paix, issu du processus d'Alger, traîne en longueur. Pour les militaires au pouvoir, la décision du retrait français n'est pas autre chose qu'un "abandon en plein vol", ce que récuse Paris, qui évoque plutôt une "reconfiguration" de sa présence militaire dans ce pays. Engagée au Mali depuis 2013, dans le cadre de l'"opération Serval", pour contrer l'avancée des groupes terroristes dans le nord du pays, l'armée française a déployé plus de 5 000 soldats, opérant actuellement dans le cadre de l'"opération Barkhane". Mais Paris veut réduire cet effectif à 2500-3000 d'ici à 2023.
Ce qui a poussé la junte militaire à Bamako à engager des discussions avec la société russe Wagner, réputée pour être proche du Kremlin. Cela n'est pas pour plaire à la France, qui voit d'un mauvais ?il la présence russe au Mali, contestant cette perspective en public. Les pays de l'Afrique de l'Ouest ne sont pas, non plus, d'accord avec la démarche des militaires maliens qui assurent la période de transition, après deux putschs successifs qu'ils ont menés depuis août 2020. Cette affaire est loin d'être close, à la veille de la tenue du sommet France-Afrique dans le sud de la France demain. Ce sommet sera celui de la France avec la société civile africaine.

Lyès Menacer


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