Algérie

Relations sino-africaines



Relations sino-africaines
Jean-Joseph Boillot, professeur agrégé en sciences sociales et docteur en économie, spécialisé dans les pays émergents, notamment l'Inde, la Chine et l'Afrique, étudie les liens qui unissent les trois géants, dans une interview accordée à Jeune Afrique a expliqué comment les relations sino-africaines, qui datent de l'indépendance algérienne, ont évolué sans jamais cesser d'exister. Pour lui, la relation s'inscrit en trois temps.D'abord, dans les années 1950, alors que naissent les élites algériennes et chinoises. Dans le cadre de la guerre d'influence contre le monde occidental, la République populaire de Chine et le premier pays du monde à reconnaitre le gouvernement provisoire de la République algérienne, après l'avoir soutenu politiquement, diplomatiquement et militairement dans sa lutte d'indépendance contre la France. Il rappelle qu'en 2000, lors du premier Forum sur la coopération sino-africaine (Forac), la stratégie de Pékin prend un virage essentiellement économique. L 'ensemble du continent est visé : l'objectif chinois est de sécuriser à très long terme (quarante ans) ses sources d'approvisionnement énergétiques. Dans cette vision très pragmatique, l'Algérie devient un partenaire parmi tant d'autres. Enfin, dans les années 2010-2015, la Chine cherche surtout de nouveaux débouchés commerciaux mais aussi un statut de superpuissance.Jean-Joseph Boillot estime que l'Afrique, avec son milliard de consommateur, est perçue comme un marché à fort potentiel où La Chine souhaite investir une partie de ses énormes réserves de change (environ 3 000 milliards de dollars). Dans ce contexte, l'Algérie redevient un partenaire important même si son marché est moins attractif que ceux de l'Ethiopie ou du Nigeria. Interrogé si la corruption a pu éventuellement faciliter l'expansion de la Chine en Algérie, il rappelle que la Chine n'a signé aucun accord particulier contre la corruption (tels que les guidelines de l'OCDE) et il est évident d'après lui que deux pays qui ont ça dans les gênes sont faits pour s'entendre ! " On estime que certains quartiers construits par des entreprises chinoises ont été surfacturés de 30 à 50 % ". Par ailleurs, une nouvelle clientèle algérienne prochinoise s'est formée au fur et à mesure que l'empire du Milieu est devenu le premier partenaire économique de l'Algérie. Dans quelques années, à quoi pourraient ressembler les relations sino-algériennes ' A ce sujet, ce spécialiste, docteur en économie souligne : ce qui a changé est que la Chine a autant besoin de l'Afrique que l'inverse, et l'Algérie figure sur cet échiquier. Pékin place ses pions comme dans un jeu de go et l'Algérie apparait être une base privilégié tout autant vis-à-vis de l'Afrique que de l'Europe du Sud. L'annonce, fin 2015 de la construction d'une usine de montage automobile va dans ce sens. Cela répond aussi à sa volonté affichée lors du dernier Forac d'industrialiser l'Afrique? au profit de ses groupes industriels. Question en relation : Sur ce point, l'Algérie n'est-elle pas en concurrence avec les autres pays de la région ' La réponse de M. Jean-Joseph Boillot a été la suivante : " Oui et non. Le Maroc n'a pas l'histoire de la relation sino-algérienne. Mais dans sa lutte d'influence avec l'Algérie, et dans le cadre de ses ambitions économico-diplomatiques, le royaume a fini par ouvrir ses portes à l'empire du Milieu. Pékin utilise alors subtilement l'inimité entre les deux voisins pour faire jouer la concurrence. La Tunisie est en revanche perçu comme un petit marché, sans grandes ressources, et instable. Avec l'Egypte enfin, la position proaméricaine de celle-ci, le risque islamiste et la crise font que Pékin ne sait plus sur quel pied danser, même si ses liens historiques avec le pays étaient aussi danses qu'avec l'Algérie. Reste bien sûr sa position stratégique avec le canal de Suez et tut le Moyen-Orient. " Bref, l'Algérie restera assurément l'allié le plus sûr de la Chine dans la région ", a conclu M. Jean-Joseph Boillot.


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