Algérie

Relance des investissements industriels : un enjeu majeur mais faire quoi '



Relance des investissements industriels : un enjeu majeur mais faire quoi '
Il ne faut surtout pas croire que les investissements mixtes (automobile, acier, tracteur, ciment, etc.), lancés ces derniers mois en Algérie, ont réglé la question du redressement industriel. Certes, ils constituent un signal fort des pouvoirs publics pour stopper enfin une désindustrialisation acceptée par certains comme une fatalité, mais qui arrange surtout les affaires des puissants lobbies de l'importation. Mais en fait le lancement de ces projets industriels ne règle qu'une partie de la problématique tant le déficit accumulé dans ce domaine depuis plus de deux décennies est lourd : moins de 1% de croissance du secteur et moins de 5% de contribution au PIB. Il reste beaucoup de choses à faire dans tous les registres pour améliorer significativement l'état du secteur industriel en Algérie. D'abord, il convient de libérer rapidement toutes les initiatives d'investissements, non pas seulement celles, largement médiatisées, suivies par les pouvoirs publics pour des raisons considérées comme stratégiques ou ayant un impact politique international. Car, à l'inverse, beaucoup de plaintes d'investisseurs privés s'expriment, souvent sans retour d'écoute, sur les retards de natures diverses enregistrés dans le lancement de leurs projets. C'est probablement ce qui explique la création récente d'une association patronale spécifiquement dédiée aux investisseurs. Mais là aussi il ne faut pas cliver en considérant que seuls les grands projets devraient être éligibles à un accompagnement, comme semble le souhaiter cette association. Cet accompagnement devra aussi porter sur les petits investissements qui sont minorés et souvent oubliés alors qu'ils participent, en amont et en aval, à la consolidation du tissu industriel et à la satisfaction des besoins des ménages. Pour relever le défi industriel, il ne suffit pas seulement de produire et de couvrir les besoins locaux en produits industriels de base, tels que l'acier et les produits sidérurgiques, le ciment, les engrais, les produits pétrochimiques ou bien les produits mécaniques qui sont le fait de grands groupes. Il nous faudra aussi produire des produits moins structurants, mais tout aussi importants qui vont des brouettes aux échelles en passant par les bétonnières, produits importés qui inondent nos marchés détruisant au passage massivement des emplois. Dans le même ordre d'idées, il convient aussi d'encourager les investissements nouveaux et de mise à niveau dans le segment de la sous-traitance. Les projets lancés dont j'ai parlé plus haut et ceux à venir exige l'existence en amont d'un réseau local d'entreprises sous-traitantes, si l'on veut s'inscrire dans la stratégie d'intégration par remontée de filières. C'est en définitive cette compréhension extensive du concept de 'substitution des importations" que je fais mienne. D'ailleurs, le récent rapport sur le redressement industriel et technologique élaboré par le ministère en charge de l'industrie a privilégié cette démarche globale et inclusive. Il y est préconisé explicitement une stratégie à double détente : appui aux PME par les dispositions contenues dans une sorte de 'small business act" et accompagnement de la croissance des grands groupes, y compris à l'international. Mais il ne faut pas croire qu'il y a une situation spécifique à l'Algérie en matière d'ajustement des politiques industrielles. Même les pays les plus développés revisitent et souvent requestionnent les concepts et les approches industrielles, qui n'ont pas produit les effets attendus, pour sortir de la crise dans laquelle se sont enfoncés certains d'entre eux. C'est ce qui explique la thématique générale sous laquelle se tient du 23 au 27 janvier le Forum de Davos. La rencontre est ainsi placée sous le thème inédit du 'dynamisme résilient" (resilient dynamism). C'est un nouveau concept qui remplace ceux classiques tels que le 're-engineering" présenté comme solution miracle y compris chez nous, alors qu'il n'a pas été efficace pour résister à la crise, de l'avis même du Forum de Davos. Le recours à ce nouveau concept de 'dynamisme résilient" a pour objet de rebondir après la crise et de résister à la concurrence des pays émergents. On voit bien qu'en matière de développement, notamment de croissance industrielle, il n'y a pas de modèle tout fait, valable pour tous et tout le temps. Chaque pays devra trouver sa propre voie de croissance. L'Algérie également. On verra bien.
M. M.


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