Relâchement de la population et recul des contrôles

L'épidémie de Covid-19 continue de progresser d'une façon inquiétante ces derniers jours. La moyenne des cas de contamination a atteint 400 par jour et 9 décès. Le relâchement est clairement perceptible tout comme le manque d'intérêt pour la vaccination.Abdelhalim Benyellès ? Alger (Le Soir) - Le nombre hebdomadaire des nouveaux cas confirmés de Covid-19 ne cesse d'augmenter, depuis quelques jours. Il passe de 1 375 cas entre le 15 et le 21 mai à 2 553 cas entre le 19 et le 25 juin, soit un taux d'augmentation de 85,7% durant le seul dernier mois.
Le professeur Kamel Senhadji, ainsi que d'autres experts ont souligné la nécessité d'accélérer le rythme de la vaccination pour éviter la troisième vague de contamination et pour parvenir à atteindre l'immunité collective. Le 28 juin dernier, dans une déclaration à la télévision, le porte-parole du Comité scientifique de suivi de l'évolution de la pandémie de coronavirus (Covid-19), le docteur Djamel Fourar, avait averti sur l'apparition de nouvelles formes du virus, précisant que ces nouvelles mutations touchent, dans une large proportion, la tranche des jeunes citoyens algériens.
Le docteur Fourar a sévèrement critiqué le relâchement constaté chez les citoyens, ainsi que la négligence des gestes barrières, appelant à plus de vigilance et à se conformer aux mesures sanitaires décidées par les pouvoirs publics adoptées dès l'apparition du virus en Algérie. Les services concernés ont sévi sévèrement dans un premier temps, par la fermeture des commerces et les amendes infligées aux contrevenants. Seuls quelques secteurs ciblés ont maintenu cette rigueur, à l'instar du seul tramway d'Alger, mais pour le reste, on agit comme si le virus n'était plus qu'un souvenir. Les pharmacies d'officine, qui étaient pourtant parmi les plus exigeants à imposer le respect de la distance sociale et le port du masque obligatoire, ont fini par céder à l'insouciance. L'un des pharmaciens d'Alger-Centre avoue son incapacité à maintenir le rythme face à des citoyens « difficiles à convaincre».
Le relâchement est observé dans la totalité des commerces, car ceux-ci n'imposent plus la fermeté. Pour un commerçant aux alentours de la place du 1er-Mai, les contrôles se font de plus en plus rares. Mais face à la recrudescence de la pandémie, et malgré la sonnette d'alarme tirée ces tout derniers jours par les professionnels de la santé en raison de la saturation inquiétante des hôpitaux, notamment ceux de la capitale, le relâchement persiste et devient inquiétant, juge le représentant du Comité de suivi. Hier, pour un jour férié, les cafés étaient bondés et aucune règle barrière n'était observée, tout comme d'ailleurs dans les moyens de transport collectifs. Certains commerçants n'y vont pas par quatre chemins pour critiquer la mollesse des pouvoirs publics. « La pérennité de la politique de contrôle n'a pas été respectée, juge un commerçant de la rue Hassiba. «Comment expliquez-vous la fermeture, jeudi, du parc de loisirs de Mohamadia pour non-respect des règles sanitaires alors qu'il accueille des foules dans l'anarchie depuis plusieurs semaines '» se lamente un citoyen qui gère un commerce non loin.
Du côté de la campagne de vaccination massive décidée par le ministère de la Santé, par la mise en place de chapiteaux au niveau des grandes places publiques de la capitale au nombre de huit et dédiés à la vaccination de proximité, l'opération ne s'est pas soldée par les résultats escomptés. Mis à part un nombre infime de personnes âgées, la majorité de la population algéroise tourne le dos à la vaccination. Mais le porte-parole du Comité scientifique semble opter pour une nouvelle stratégie, puisqu'il a mis l'accent, dans sa dernière intervention, sur la campagne de vaccination massive en milieu des travailleurs, annonçant la disponibilité des vaccins dans les lieux de travail de toutes les wilayas du pays, dans le cadre de la poursuite du vaste programme national de vaccination massive qui a débuté le 8 juin dernier et dont les résultats sont demeurés jusque-là mitigés, malgré la disponibilité du vaccin en quantité, annonçant, par l'occasion, la réception de quantités de doses plus importantes en juillet.
A. B.