Algérie

Rejet de la présidentielle et attachement à la transition


La Convention nationale des forces de l'alternative démocratique, tenue hier lundi au siège du RCD après son interdiction par l'administration, a réuni des acteurs politiques et associatifs de divers horizons. Rejetant l'élection présidentielle que compte organiser le pouvoir, les participants plaident pour une transition démocratique qui marque la rupture avec le système politique.Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - Ils étaient plus de cent participants à avoir répondu à l'appel des forces de l'alternative démocratique (RCD, FFS, PT, PST, UCP, PLD, MDS et la LADDH) regroupés sous un chapiteau installé dans la cour du siège du RCD à El-Biar (Alger), qui s'est avéré exigüe pour abriter l'évènement.
Le refus de l'administration d'autoriser la rencontre dans un lieu public a poussé les animateurs de la coalition des démocrates à trouver une solution, optant ainsi pour le siège du RCD. Les intervenants ont dénoncé cette interdiction, interprétée comme un signe de rejet de dialogue par le pouvoir réel. Ils ont appelé à la libération des détenus d'opinion, particulièrement Lakhdar Bouregaâ et les jeunes incarcérés pour port du drapeau amazigh.
Dans le communiqué final de la rencontre, les forces de l'alternative démocratique ont exprimé leur attachement au projet de processus constituant souverain et se dressent contre l'élection présidentielle que compte organiser le pouvoir avant la fin de l'année.
Elles se disent pour une République qui consacre l'unité et la souveraineté nationale ainsi que le rejet de toute forme d'ingérence étrangère dans les affaires internes du pays.
Cette République doit consacrer également toutes les libertés individuelles et collectives, le respect des droits de l'Homme, la séparation et l'équilibre entre les pouvoirs, l'indépendance effective de la justice, la non utilisation de la religion à des fins politiques, des élections libres et transparentes, la souveraineté du peuple sur les richesses nationales, l'égalité en droits entre tous les citoyens (hommes/femmes) ainsi qu'entre les deux langues nationales et officielles.
Dans le communiqué final de la convention, les forces de l'alternative démocratique ont appelé les Algériens à «s'engager dans un processus constituant souverain à travers l'auto-organisation au sein des structures et des comités de base à l'échelle nationale, dans l'objectif de donner la parole au peuple pour qu'il puisse choisir librement la forme et le contenu des institutions à mettre en place et qu'il estime à même de répondre à ses revendications et à ses attentes dans tous les domaines».
Estimant que le moment est crucial et décisif et devant «la décomposition du régime en place», les forces de l'alternative démocratique ont appelé le peuple «à se regrouper autour de notre initiative et à se saisir des instruments de son autodétermination».
Nouvelle Constitution
Plusieurs intervenants ont plaidé pour l'élaboration d'une nouvelle Constitution avant toute élection. Le président du RCD, Mohcine Belabbas, a soutenu que le pays doit se donner une nouvelle Constitution.
«Une Constitution qui redéfinit l'organisation de l'Etat. Une Constitution qui promeut un système politique fondé sur le multipartisme, l'élargissement des libertés et des droits humains, l'autonomie et l'équilibre des pouvoirs constituants avec comme objectif final : la garantie de l'alternance politique et démocratique au pouvoir. Une Constitution qui garantit l'indépendance effective de la justice et qui place l'armée et les appareils sécuritaires sous contrôle démocratique», a-t-il expliqué.
Pour lui, le processus constituant que propose les forces de l'alternative démocratique est le choix de la rupture et de la raison, le choix de la souveraineté, le choix de la fin du système en place et celui d'un nouveau départ pour l'Algérie. Le président du RCD estime que l'Algérie a besoin de rompre avec le cycle des échecs et de renouer avec les victoires. Et d'affirmer que le peuple algérien est sorti dans la rue depuis le 22 février pour la victoire contre la hogra, le chômage, la corruption, les injustices, le sous-développement économique et social.
«L'insurrection citoyenne du 22 février 2019 n'est pas un simple ras-le-bol contre des dysfonctionnements institutionnels, des abus ou des passe-droits. La lame de fond du rejet du système politique est à la mesure de la détermination de vivre-ensemble dans un pays libre», a-t-il soutenu.
Le président de la LADDH, Noureddine Benissad, a présenté une communication sous le thème «Etat de droit, libertés individuelles et collectives et indépendance de la justice».
Il a affirmé que seule une transition démocratique peut ouvrir la voie à la construction d'un Etat de droit, «envisagé comme processus d'amélioration continue de la satisfaction des droits et de l'exercice des libertés démocratiques?».
K. A.
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