Algérie

Réinventer le théâtre populaire



Réinventer le théâtre populaire
L'Association arts et culture de Naciria (Boumerdès) a présenté, vendredi soir à la maison de jeunes, une pièce de théâtre en tamazight intitulée Taferka Taberkant (Terre noire) mise en scène par Slimane Aït Gacem. Sans les grands subsides publics, cette jeune troupe créée en 2013 a réussi à faire renouer le public avec le 4e art.La salle était comble, et ce, au moment où certains théâtres régionaux peinent à rassembler plus de 30 personnes. Vieux, jeunes, enfants se bousculent pour prendre place, d'autres, debout dans le froid, bloquant carrément les travées et la porte d'entrée ; cela fait belle lurette que nous n'avons pas assisté à un tel engouement pour une production théâtrale. La comédie est une adaptation de Demande en mariage de Tchekhov, affirme M. Aït Gacem.Elle traite des conflits liés au foncier au sein de la société kabyle. Le décor, signé Omar Oubrahem, est sobre. Une maison style berbère où l'on aperçoit des objets ordinaires mais symboliques, comme un tamis pour couscous, un tapis d'alfa, une jarre, un chapeau traditionnel (tamdeliwt). Pour plus d'authenticité du jeu scénique, des bruits sonores (chants d'oiseaux, animaux..) y ont été ajoutés, restituant admirablement l'environnement d'un village de montagne. Les trois comédiens, Fetta Hoceini, Sofiane Amouri et Athmane Benane ont évolué sous l'accompagnement musical de Toufik Hansal.Les accessoires étaient deBrahim Bengana. Une bande joyeuse de comédiens réunis pour le bien et pour le? rire, 1 heure 20 minutes durant, au grand bonheur du public. Cette première œuvre de l'association subventionnée par le fonds de soutien du ministère de la Culture était en tournée dans la daïra de Naciria du 27 au 30 novembre. «Nous allons nous produire même dans des villages où il n'y a jamais eu de spectacle», nous a indiqué le metteur en scène.L'Association arts et culture de Naciria, qui active depuis 2013, est boudée en matière de subventions par l'Apw de Boumerdès et la direction locale de la culture, déplore notre interlocuteur. «Nous ne trouvons même pas de salle pour nos répétitions à la maison de la Culture Rachid Mimouni. Les responsables locaux du secteur n'encouragent pas les associations à caractère amazigh. Il y a un travail de coulisses qui se fait à Boumerdès hostile à la production artistique en langue amazighe.Ceux qui aspirent à un travail sérieux et durable sont marginalisés. Depuis 2006, nous n'avons pas travaillé à la maison de la culture de Boumerdès. Nous leur avons transmis des invitations pour assister à nos spectacles, ils ne sont pas venus ! C'est du mépris. Je dénonce cette politique de marginalisation. Nous tenons toutefois à remercier le ministère de la Culture où on est toujours bien reçu».Slimane Aït Gacem, qui dirige également une autre troupe, Machahu, depuis 1998, est l'auteur de plusieurs pièces pour enfants. Il innove en faisant sortir le théâtre en plein air. Façon de réinventer le théâtre populaire. En 2001, sa représentation Le sourire du sable, sensibilisant sur les risques de la baignade, demandée par la Protection civile, a été jouée sur la plage de Boumerdès. «Notre objectif est de découvrir les jeunes talents, les former dans les différentes spécialités théâtrales pour assurer la relève dans notre commune», conclut Aït Gacem Slimane.




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