Algérie

Réhabiliter la compétence



Fuite des cerveaux ou brain drain. Un concept « dépassé » selon le professeur Hocine Labdelaoui, chercheur au Centre de recherche en économie appliquée pour le développement (CREAD). C'est du moins ce qui ressort d'une étude dont les conclusions ont été rendu publiques, jeudi dernier, à l'occasion d'une rencontre organisée en marge du salon national pour le recrutement qui se tient à Riadh El Feth. La nouvelle dynamique a imposé un nouveau concept, celui de « la mobilité des compétences ». L'Algérie est un pays « exportateur » de ses compétences. Le comble est que nous produisons pas d'ouvrages sur ce phénomène en constante augmentation. Tout l'arsenal conceptuel est produit par des intellectuels du Nord. D'où la nécessité d'y travailler sérieusement, notamment pour mieux maîtriser le marché de l'emploi national.Labdelaoui plaide en ce sens pour une politique d'innovation devant reposer sur une logique à trois gagnants, le migrant, le pays d'origine et le pays d'accueil. Au lieu d'entretenir un rapport « patriotique », plutôt établir un rapport « compétence », dira-t-il en faisant remarquer que cette approche est la plus appropriée dans la mesure où elle permettra de s'insérer dans la mobilité plutôt que dans la fuite. Selon les données de l'OCDE, la fuite des cerveaux s'est « stabilisée » ces dernières années en Algérie. Autrefois, ce phénomène a été très important, notamment les départs vers la France. L'économie algérienne est la plus touchée par cette fuite par rapport aux pays du Maghreb. La cause résiderait dans l'absence de placement des compétences. Ce phénomène offre au marché international de l'emploi. Les profils les plus prisés sont les médecins et les ingénieurs. Le stock de chiffres cumulé jusqu'à 2012 révèle que plus de 48.184 médecins algériens généralistes et spécialistes exercent dans les hôpitaux privés et publics de France. Ce qui démontre l'ampleur de l'exode. Cela confirme que cette question de fuite des cerveaux est devenue « critique », notamment dans les pays du Maghreb. Labdelaoui a tenu à souligner que les compétences algériennes souffrent cependant du phénomène de « déclassement ». Ce qui signifie perte de la compétence plus particulièrement dans les nouvelles destinations, à savoir le Canada et les Etats-Unis. Ceux qui ont été naturalisés, c'est-à-dire ont renoncé à leur nationalité algérienne, ont le plus de chance de préserver leurs compétences. L'Algérie n'a pas intégré le système de placement international. Elle n'a pas également mis en réseaux toutes ses compétences. Ce qui leur permettra d'aider leur pays, souligne le conférencier en indiquant que l'étude est arrivée au constat que « les capacités de rétention des pays du Maghreb sont fiables face à la force des éléments attractifs des pays développés ».Elle relève toutefois « la faiblesse de la position de ces pays sur le marché international de l'emploi ». Cela exige la mise en place « d'un système d'attractivité » ici en Algérie, car « le devenir de la compétence, c'est le placement de l'innovation ». « En tant que pays exportateur de compétences, on doit réfléchir sur les conditions de départ et de résidence à l'étranger de ces compétences dans le cadre de la mobilité. Ne pas aborder cette relation entre les deux données nous fera connaître la réalité partiellement. Et c'est justement l'erreur qu'ont commise les décideurs qui tentent depuis des années de trouver une solution à cette fuite des cerveaux », a-t-il souligné en faisant remarquer qu'il est difficile d'empêcher les compétences de quitter leurs pays d'origine. De 1999 à 2014, approximativement, un demi-million de compétences algériennes a quitté le pays, a-t-il fait savoir en marge de cette rencontre.




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