Algérie - Revue de Presse

Première initiative du genre : le président Bouteflika s'est adressé hier directement aux présidents d'APC (Assemblée populaire communale) dans une allocution-programme et de légitimation à rebours du mandat électif local à l'issue de la fin du cycle de formation organisé à Alger à l'initiative du ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales au profit des élus locaux. C'est la première fois, en effet, que le chef de l'Etat rencontre les élus locaux depuis son arrivée aux affaires, en 1999, et aborde avec eux les préoccupations des collectivités locales, les entraves qui empêchent l'élu local de remplir convenablement sa mission ainsi que les perspectives de la réforme des collectivités territoriales. L'initiative du Président de prendre la parole devant les élus, si elle a été accueillie favorablement par certains représentants des APC, aura en revanche, suscité méfiance et circonspection auprès d'autres élus, dont particulièrement ceux du FFS (Front des forces socialistes) qui ont vu derrière l'intérêt subit manifesté par le chef de l'Etat pour la gestion des collectivités locales et des assemblées élues des calculs politiques qu'ils ont tenu à dénoncer en boycottant la rencontre en question. D'aucuns n'ont pas manqué, en effet, de s'interroger pour savoir si cette initiative, qui intervient à quelques encablures de la prochaine élection présidentielle prévue pour avril 2009, n'est pas motivée essentiellement par des considérations purement électorales et électoralistes.La commune étant le c'ur du dispositif électoral, avoir le contrôle politique des collectivités territoriales c'est avoir la mainmise sur le déroulement du scrutin. Mise en minorité dans les Apc, l'opposition locale est réduite au silence, n'ayant pratiquement pas voix au chapitre dans la gestion des affaires locales. Cependant, au-delà de ces craintes et suspicions légitimes soulevées, les réformes des collectivités territoriales évoquées à grands traits par le Président dans son allocution devant les élus et dont la mise en 'uvre tarde encore à se concrétiser pour nombre d'entre elles, permettront, sans nul doute, si elles sont suivies d'effet, une mise à niveau rapide et efficace de nos communes en termes de gestion et de développement. Il faudrait, pour ce faire, que les engagements de l'Etat, maintes fois réitérés par les gouvernements successifs pour promouvoir la démocratie locale qui s'appuie sur la participation des citoyens à la gestion des affaires de la cité, sur la décentralisation des actions et du pouvoir de décision au niveau local ainsi que sur la déconcentration des moyens pour donner aux communes les outils nécessaires et indispensables à leur développement à travers notamment une plus juste répartition des finances et ressources fiscales, deviennent une réalité tangible dans la gestion de nos communes.L'assainissement des dettes des communes qui se sont élevées à 22,9 milliards de dinars pour la période allant de 2000 à 2007, s'il permet de soulager les communes structurellement déficitaires du poids d'une dette cumulée qui les empêche d'inscrire sur leur fonds propre la moindre petite opération d'ouverture d'une piste rurale, n'en constitue pas pour autant le remède efficace et miracle aux maux qui rongent nos communes. La solution la plus fiable réside incontestablement dans la nécessité d'appréhender désormais le développement local dans son sens dynamique en valorisant les ressources humaines par la réhabilitation des compétences, en développant l'initiative locale, la transparence dans la gestion des affaires de la commune et la participation des citoyens et en élargissant les prérogatives des élus locaux. L'élu ne doit plus être l'otage ni de sa chapelle politique ni de sa « hiérarchie » administrative (le wali ou le ministère de tutelle) qui ont aujourd'hui droit de vie et de mort sur les élus.
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