Algérie

Régulation: L'ANRT marocaine plus productive que l'ARPT algérienne



En dix ans d'existence, l'Agence de régulation des postes et télécommunications (ARPT) offre un bilan bien maigre, largement en deçà de ce que peuvent espérer les professionnels, analystes, usagers et autres opérateurs en quête des moindres chiffres, statistiques et données permettant de se faire une idée précise de l'évolution du secteur des TIC en Algérie. Une comparaison des activités de l'ARPT, basée sur les informations disponibles sur son site Web, à celle de l'ANRT marocaine, montre un manque flagrant de production de données et d'indicateurs sur le secteur.

En une décennie, l'ARPT a produit : six «études et enquêtes» sur le secteur de la téléphonie (mobile et fixe), neuf «rapports annuels» (le dernier concerne l'année 2009), 8 «bulletins trimestriels» (dont la publication a été arrêtée en mai 2007), neuf autres rapports et communications sur les activités du secteur des postes et du courrier accéléré international, et six autres documents sur le processus d'octroi de licences de téléphonie mobile et fixe, et sur l'établissement de réseaux publics de télécommunications par satellite de type VSAT.

Le régulateur algérien des télécoms a également géré les dossiers liés au nouveau «plan de numérotation à dix chiffres» (2008), le «service universel de télécommunications», et la «certification électronique».

Concernant ses activités publiques, l'ARPT a organisé en dix ans deux conférences de presse, à l'occasion du Forum El Moudjahid, dont la dernière date de 2008, et au total une dizaine de séminaires, journées d'études et autres portes ouvertes.

Dans la rubrique «Observatoire» de son site Web, on trouve les principales publications de l'ARPT recueillies dans la sous-rubrique «Enquêtes et études». Il s'agit de six documents au total. Un «sondage sur la téléphonie mobile» effectué en 2003, lorsque le marché était occupé par deux opérateurs, de trois rapports intitulés «observatoire du mobile» (entre 2005 et 2006), et de deux «observatoires des tarifs» (2004 et 2005).

Des données insuffisantes pour des lectures affinées

Dans les documents consacrés à l'observatoire du mobile, l'ARPT fourni des données du «marché global de la téléphonie mobile» en Algérie (parts de marché de chacun des opérateurs, taux de pénétration…), ainsi que la répartition et l'évolution des abonnements prépayés et post-payés de l'ensemble du parc mobile.

Le plus récent «observatoire des tarifs» (fixes, mobiles, Internet et liaisons spécialisées) a été publié en février 2006. L'étude passe en revue les prix des cartes SIM par opérateur et par offre, le crédit initial, la validité du crédit, les frais d'activation GPRS-MMS, ainsi que les tarifs de la minute de communication ou d'un sms vers le même réseau mobile et un réseau concurrent, vers un numéro fixe, et à l'international. A croise que rien n'a bougé depuis cinq années.

Les données livrées par l'ARPT sont certes importantes, mais elles ne suffisent pas pour élaborer des lectures affinées de l'état du secteur des télécoms et des TIC en général en Algérie. L'irrégularité des études et la périodicité (annuelle) des rapports ne permettent pas de suivre de près son évolution. Par exemple, en l'absence de rapports trimestriels, l'on se rend compte qu'à l'occasion d'un communiqué, que 34 ISP (fournisseurs d'accès Internet) n'ont pas exercé pendant plusieurs années. Et aucune explication n'est fournie sur les raisons ayant poussé ces ISP à cesser d'exercer.

On constate aussi dans les documents de l'ARPT que la partie «data» est totalement ignorée. Et pourtant, depuis au moins 4 ans, les trois opérateurs de téléphonies mobiles proposent des offres «Internet mobile» (de 2e génération – 2G) à travers des clés USB dotées de cartes SIM-Data. Le nombre d'abonnés à ces services n'est jamais mentionné dans les rapports du régulateur. La disponibilité de données sur l'Internet-mobile aurait permis de mieux cerner et de prévoir la tendance à quelques mois (espérons-le) du déploiement de la 3G.

Les rapports de l'ARPT manquent aussi de précision en particulier dans le volet Internet. Ainsi, il nous est délivré le nombre d'abonnés à Internet sans aucun détail notamment sur la qualité des connexions et, surtout, le nombre d'abonnés par types d'offres (Adsl et autres) et par débits. Nous ne savons rien non plus sur la part des clients Internet institutionnels (entreprises et administrations) ni celui des abonnés résidentiels.

L'ANRT, le régulateur marocain, bien plus communicatif

Doté d'une structure organisationnelle équivalente à celle de l'ARPT (en nombre de départements), le régulateur marocain des télécommunications fourni une matière bien plus abondante, permettant des lectures plus précises de l'environnement des TIC au Maroc.

 L'Agence nationale de réglementation des télécommunications (ANRT) déploie trimestriellement des «tableaux de bord» (rubrique «Observatoire») consacrés distinctement à la téléphonie fixe, téléphonie mobile, publiphones, marchés de l'Internet. On y trouve aussi des analyses relatives à "l'évolution des marchés du fixe, du mobile et de l'Internet" comportant les faits marquants des trois derniers mois. Et des enquêtes annuelles sur le «marché des technologies de l'information» et des indicateurs sur le parc des «noms de domaines ".ma"».

Dans «l'état du marché de l'Internet», les enquêtes fournissent des détails sur l'évolution du nombre d'abonnés pour chacun des débits proposés. On sait par exemple qu'au Maroc plus de 90% des abonnés ont plus de 2 Mbps. Dans le détail, ça donne : 41,99% ont un débit de 2 Mbps, 27,28% (4 Mbps) et 26,27% ont 8 Mbps.

 La question des prix dans le secteur de la téléphonie (mobile et fixe) est mesurée par le «revenu moyen par minute – ARPM». On a aussi les tendances des tarifs de l'Internet Adsl et de la 3G. Les données de l'ANRT fournissent aussi des informations relatives à l'usage moyen sortant par client par mois pour la téléphonie fixe et mobile. Dans le cas de la 3G, elles distinguent les abonnés «voix-data» et les clients «data» uniquement. Pour l'Internet aussi, il existe une analyse de la qualité des débits est également fournie. Tout cela dans une périodicité trimestrielle pour chacun tableaux de bords décrits plus haut.

Dans la rubrique «Enquête et études», l'ANRT développe une multitude de thématiques telles que «le développement de l'activité des centres d'appel», les «prestataires du Service Internet», les «services de Télécommunications auprès des Entreprises». Des résultats d'enquêtes menées sur les activités des ISP (providers) et des cybercafés (services offerts, profils des techniciens, équipements, principaux logiciels utilisés, tarification, nombre de clientèle et volume horaire de connexion par client…). Bref, une masse d'information qui aide énormément à comprendre et décrypter le marché des TIC au Maroc et, surtout, faire des projections pour d'éventuels investissements. C'est ce qui fait grandement défaut en Algérie.




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