Personne, même parmi les plus optimistes ne peut raisonnablement fixer un délai pour la Conférence de paix en Syrie, d'autant plus que les données qui la fondent ne sont plus celles d'il y a quelques mois, ou encore celles qui ont permis que se tienne en juin 2012 la première rencontre du genre et qu'une base de négociation soit dégagée.A cette époque-là, la rébellion était liée par le seul objectif d'abattre le régime syrien. Depuis le printemps dernier, les luttes d'influence se sont aiguisées, prenant même un tour dangereux avec des guerres opposant différentes factions. Un répit pour Bachar El Assad, et même un gain considérable puisque cette opposition fait un travail que sa propre armée n'a pu accomplir.Dans le même temps, l'engagement de groupes extrémistes a amené certaines capitales à reconsidérer leur position à l'égard de Bachar El Assad considéré comme l'option la moins mauvaise, dans une Syrie qui a cessé d'être celle d'il y a quelques années. Un message bien perçu par Damas qui a intensifié son engagement contre les groupes rebelles. Ce qui tend peut-être à contrarier sa présence à Genève.Au cours de la semaine de discussions puis de négociations, aucun cessez-le-feu n'a été proclamé, la mise sur pied d'un gouvernement transitoire n'a pas été abordée. Comment donc y aller, mais aussi avec qui ' L'émissaire international s'est gardé en fait de tirer la moindre conclusion puisque les négociations ne sont qu'à leur début, et doivent se poursuivre avec un nouveau rendez-vous, celui du 10 février, mais M. Lakhdar Brahimi a affirmé que les représentants du régime syrien déclarent qu'ils sont «prêts à accepter le communiqué du 30 juin 2012, et l'appliquer», mais «à chaque fois, ils répètent qu'il faut accorder la priorité à la lutte contre le terrorisme». Et ils n'ont pas manqué de le réitérer en confirmant leur présence au prochain round qui s'ouvre demain, en soulignant qu'«un retour de la sécurité et la stabilité en Syrie nécessite que l'on discute de l'arrêt du terrorisme et de la violence, comme indiqué dans le communiqué de Genève I».De cette manière, la Syrie réglera seule ses problèmes intérieurs. Du moins l'espère-t-elle. Cela suppose une tout autre approche, alors que Damas a fait la guerre à son peuple pour combattre ses aspirations au changement, et que surtout cette guerre aurait pu être évitée. Et quand bien même une telle hypothèse soit retenue, est-elle réalisable, la Syrie ayant subi d'incroyables fractures, transformant des guerres y compris dans son voisinage comme des querelles non seulement banales, mais tout compte fait sans la moindre conséquence ' Au niveau interne, les fractures sont nombreuses avec une mosaïque éclatée, chaque communauté envisageant de solder ses comptes, sinon simplement se défendre contre d'autres communautés, les unes et les autres devenant désormais ennemies. Tout se règle par les armes. Comment dans ce cas rétablir les voies du dialogue, et surtout comment identifier et cerner les menaces ciblant la Syrie, obligeant à une vision commune ' Comme le révèle le recul observé dans la position de certaines capitales, la donne en Syrie n'est plus la même, puisque la menace ne concerne plus uniquement le régime syrien, mais l'ensemble de la Syrie et son voisinage. Très exactement ce que l'ONU avait indiqué dès 2012, sans la forme ni les intervenants actuels. De quelque manière que ce soit, de nombreux pays sont engagés dans ce conflit, avec la fourniture d'armes, de logistique, et même de bases de repli et d'espace de passage. La feuille de route peut-elle à ce stade être réécrite, comme le suggère Damas, une bien sérieuse équation que pas le moindre état-major n'avait envisagée ' C'est véritablement la boîte de Pandore.
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Posté Le : 09/02/2014
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Mohammed Larbi
Source : www.elwatan.com