Algérie

Région du sahel: Dégradation de la situation sécuritaire et des interrogations


La dégradation et la complexité de la situation sécuritaire dans la région du Sahel dégagent de forts relents colonialistes d'une France qui ne se lasse pas de penser à reconquérir le Sahara algérien.
La crise au Mali, le coup d'Etat et surtout la scission entre le nord et le sud de ses territoires ne peuvent être les conséquences d'un simple divorce entre l'armée et les civils, ou entre les politiques et les groupes ethniques, ou alors entre l'ensemble de toutes ces parties.
Ce serait défoncer des portes ouvertes, que de dire que la détérioration de la sécurité dans ce pays répond à une stratégie géopolitique, qui met en exergue les intérêts des grandes puissances, en premier ceux bien ciblés de la France. L'Algérie se trouve aujourd'hui devant de grandes difficultés, tant ses espaces et son unité sont menacés. Financé et armé par des forces qui ne sont pas aussi occultes que cela, le Mouvement national pour la libération de l'Azawad (MNLA) a servi à réaliser, selon des responsables de la sécurité, une phase des plus cruciales dans ce scénario d'émiettement de la région du Sahel et partant, des pays voisins. La dislocation de la Libye a constitué, faudrait-il le rappeler, une espèce de plate forme pour amorcer toute la stratégie, que la France a conspiré, toujours selon ces responsables, pour reconstituer sa force colonialiste que l'indépendance de l'Algérie en 1962 avait profondément entamée. Il faut croire que la célébration par l'Algérie du 50è anniversaire de sa libération du joug colonial à laissé Paris réfléchir à prendre des initiatives qui transformeraient la région en petites parcelles faciles à exploiter. C'est la France sarkozienne qui a décidé de reconvoquer l'histoire à sa manière.
Alger est aujourd'hui engagé contre son gré dans cette guerre des puissants pour la reconquête des colonies libérées et la réalisation des rêves perdus. Elle y est de fait, parce qu'elle se doit de négocier la libération de sept de ses diplomates pris en otage, dit-on, par les éléments « d'El Qaïda dans le Maghreb islamique ».
LES STRATEGES ALGERIENS SUR LE PIED DE GUERRE
Adepte du sacro-saint principe de la non-ingérence dans les affaires internes des pays et grand défenseur du non-paiement de rançons aux preneurs d'otages, l'Algérie doit faire appel à ses plus grands stratèges pour dénouer ce grave problème d'un rapt bien orchestré, sans être contrainte d'ignorer ce qu'elle a érigé en idéaux pour combattre le terrorisme et préserver la souveraineté des Nations et des Etats. Elle a d'ailleurs déjà eu à reculer par respect à ces engagements. En effet, après avoir fait stationner plus de 3.000 commandos, des chars, des avions de guerre et un arsenal militaire impressionnant, tout au long de ses régions frontalières avec le Mali, elle a dû revoir sa stratégie. Il était possible pour elle d'entrer dans les territoires maliens pour atténuer «la fitna» qui y sévit mais ses stratèges sécuritaires lui ont fortement déconseillé de s'engager dans une guerre qui ne lui apporterait pas grand-chose en terme de sécurité, bien au contraire. Les stratèges en conclave continu, lui ont aussi recommandé de ne pas attaquer les éléments du MNLA, dont elle rejette la décision de disloquer le Mali, un pays avec lequel elle commençait à trouver un terrain d'entente rassurant, à l'issue des importantes discussions qu'elle avait entreprises avec son président et à plusieurs reprises avec son ministre des affaires étrangères.
«Il lui aurait été pourtant possible d'intervenir ou de poursuivre le MNLA sur ses propres territoires et de le pousser dans ses derniers retranchements, pour qu'elle puisse négocier avec tout le monde en position de force » nous explique un responsable. Mais «elle ne l'a pas fait, alors qu'elle avait tout organisé pour, parce que disent nos sources, elle aurait fait ainsi le jeu de la France qui est présente au Mali par ses agents du renseignement, par les gros financements qu'elle octroie aux éléments du MNLA et à d'autres factions et les armes qu'elle leur largue pour mieux servir « la cause de l'instabilité et de l'émiettement des territoires du Sahel et du sud algérien.» La partition a débuté en Libye, faut-il le rappeler.
La réflexion ne relève pas de l'utopie, mais d'un véritable complot contre des Nations que le colonialisme a toujours considéré de seconde zone. Il se trouverait toujours des « philosophes » qui ricaneraient au visage de ceux qui mettent en avant « la main de l'étranger, le complot ou même les croisades »
L'INTANGIBILITE DE LA PREUVE PAR LE REEL
Pourtant, il serait trop facile de se convaincre du contraire face à cette déferlante d'insécurité qui explose des régions toutes entières. Dans pareilles circonstances, il devrait vite venir à l'esprit de ceux qui doutent de revoir le sublime documentaire France-Afrique qu'une chaîne de télévision étatique française avait diffusé l'été dernier pour montrer comment la France avait-elle entrepris de déstabiliser l'Afrique noire après que l'Algérie ait recouvert son indépendance. Elle l'a fait avec une main d'experte pour trouver et accaparer de nouveaux gisements d'hydrocarbures, puis garder l'Afrique sous sa main au nom, dit le documentaire, de «la raison d'Etat.» Il serait en outre judicieux de regarder le film «I comme Icare » dans lequel le grand Yves Montand campe le rôle d'un juge qui devait démontrer, comment les Etats-Unis fomentent-ils des coups d'Etat pour instaurer le néo-colonialisme. Le film retrace la situation des pays d'Amérique Latine, et traite le cas du Nicaragua. Des images et commentaires où la fiction s'éclipse sous l'intangibilité de la preuve par le réel.
Si la dernière visite à Alger du commandant en chef de l'Africom a coïncidé avec celle d'un général qatari, c'est que la conjoncture est des plus inquiétantes. Grand prestataire de services des Américains avec tout ce que cela suppose comme alliés, le Qatar a pris une dimension considérable sur cet échiquier de recomposition du monde arabe et musulman. Et ce n'est pas un hasard, si Paris entre autres capitales européennes, accepte de laisser investir ce petit pays du Golfe dans des créneaux souverains de son économie et même de son sport.
Les satellites français irriguent d'informations stratégiques, ses « alliés » de toute nature sur les territoires maliens. Le rapt de diplomates algériens et pas d'autres pays est à inscrire dans un agenda bien fourni en la matière. L'annonce par le MNLA de la création d'un Etat indépendant du nord malien est un mauvais présage pour la région. Les Touaregs du Niger ont aussi un rôle à assumer dans ce jeu trouble. Il est fort probable qu'ils s'associent au MNLA pour réclamer leur indépendance.
SCENARIO POUR UNE LIBERATION SANS BAVURES
Les Touaregs algériens sont en ébullition tant la situation dans leurs espaces a pris des tournures dramatiques. «Le complot» reposerait selon des responsables, sur des alliances que rechercherait Paris à faire pour regrouper les Touaregs des trois pays. «La France n'a jamais accepté le fait que les Algériens aient réussi à lui faire signer les accords d'Evian en rattachant le Sahara au reste du pays,» rappellent nos sources. L'idéal pour elle aujourd'hui; est de pouvoir rattacher une partie de ce même Sahara aux territoires Nord du Mali sous contrôle du MNLA. «Ce qui constituera un petit Etat riche et conciliant, indépendant des autorités centrales, » dit-on. C'est d'ailleurs, ce qui inquiète le Maroc mais pour toute autre chose. Rabat craint que l'autorisation soit donnée aussi au front Polisario pour constituer «un microcosme d'Etat.» L'on note que pour la première fois, l'Assemblée nationale populaire ne comptera pas de représentant targui dans son hémicycle. Pour rappel, le fils d'Akhamokh a refusé de se présenter aux législatives du 10 mai prochain. Une première dans l'histoire parlementaire du pays qui porte son pesant d'énigmes même si les Touaregs ont déclaré publiquement qu'ils allaient soutenir ces élections. Alger a arrêté ses négociations avec les terroristes qui ont pris les diplomates en otage parce qu'elle refuse, dit-on, de payer la rançon exigée. Elle sait cependant que le temps joue contre elle et que les services de renseignements étrangers sur place travaillent activement ; pour déceler une quelconque faille susceptible de justifier une intervention militaire de leurs armées au Mali, comme ce fût le cas en Libye.
La vie de ses diplomates étant en danger, l'Algérie penserait à leur libération par « un commando musclé capable de mener l'opération sans bavures. » Les discussions non-stop entre le Conseil de sécurité avec tout ce qu'il regroupe comme services et le ministère des affaires étrangères devraient impérativement déboucher sur une solution de sauvetage « intelligente » avant qu'il ne soit trop tard. En parallèle, l'Algérie continue ses pourparlers avec les Américains ; pour trouver la manière avec laquelle le commando de sauvetage des otages pourrait être « guidé » par les éléments de Washington sans qu'Alger ne laisse des plumes de… souveraineté. Mais surtout sans pousser à l'embrasement de toute la région.


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