Un ouvrage collectif rassemblant des regards croisés d'une dizaine d'écrivains et de poètes sur le monument funéraire berbère Medghacen a été publié sous le titre «Medghacen, histoires secrètes».Elaboré avec le concours de l'association «Les amis de Medghacen», le livre est paru à l'occasion du 24e Salon international du livre d'Alger (Sila). L'ouvrage de 256 pages, qui réunit des poèmes et des nouvelles, en arabe et en français, paraît chez Chihab. Nassira Belloula, Chawki Amari, Ameziane Ferhani, Amin Khan, Jaoudet Gassouma ou encore H'mida El Ayachi, entre autres écrivains et journalistes ont participé à sa rédaction.
Dans «Les douze pierres de minuit», Chawki Amari propose des aller-retours entre l'histoire d'un escroc tentant de vendre ce mausolée à un riche homme d'affaires d'aujourd'hui, et le récit de la dernière journée d'inspection des travaux de construction de ce monument vingt-trois siècles plus tôt. L'auteur relate le voyage de Hmada, un visiteur venu du Tassili à la recherche d'un trésor à Batna et celui de Izza jeune fille vivant à Boston aux Etats-Unis, accompagnant sa mère sur la terre de ses ancêtres. Comme dans un film choral, toutes ces histoires mènent au mausolée où les protagonistes sont à la recherche d'une galerie secrète.
Native de la région, Nassira Belloula évoque dans «Le syndrome Imadghassen» cet «aïeul bien fatigué d'être resté debout, sans soutien contre l'anéantissement, et sans avoir livré ses secrets». Une occasion pour la romancière de souligner le manque d'informations sur le tombeau et sur ce pan de l'histoire d'Algérie. A travers son texte, l'auteure explore les entrailles du mausolée grâce à un fil conducteur: son personnage, un étudiant en histoire, est guidé dans son rêve par un Numide à travers les galeries souterraines et chambres funéraires que renferme le Medghacen.
Pour sa part le poète et philosophe Amin Khan participe à cet ouvrage avec un poème intitulé «A la mémoire de la pierre numide». Au titre de sa contribution à l'ouvrage, Rachid Mokhtari propose «Rallye barbare», un marathon relatant l'histoire millénaire de l'Algérie, ses contradictions et ses non-sens. Ce récit fictionnel commence par le rapatriement des crânes de résistants algériens (restes mortels transférés et conservés en France à ce jour), que les autorités souhaitent mettre en terre à l'intérieur du Medghacen, le plus ancien monument funéraire royal d'Algérie. Pour le journaliste français Thierry Perret le Medghacen devient un repère pluriel. Dans «Les pierres qui sont des étoiles», l'auteur se sert du monument comme trame où se mêle l'échange entrecroisé entre trois amis: deux Algériens et un Français, discutant de l'actualité au lendemain d'un mouvement populaire.
Cette pluralité, l'auteur la puise dans la variabilité des noms et des graphies données à ce monument qui reflète, selon lui, les différents rapports que les citoyens peuvent avoir avec le patrimoine. La notion de repère intemporel apparait également dans la nouvelle du journaliste et écrivain Hmida El Ayachi, «Les ombres de Medghacen». Ce texte relate la vie d'une famille de la région de Batna à travers le quotidien d'un jeune homme écartelé entre ses parents, son épouse et sa vie en Europe de l'est. Dans ce récit familial obscur, le mausolée demeure toujours debout malgré les vicissitudes de la vie.
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Posté Le : 11/11/2019
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : R C
Source : www.lnr-dz.com