Algérie

Regard tranquille sur un drame profond



On vous donne de l'argent pour peu que vous partiez » . C'est là, résumé, l'esprit de cette formule présentée comme la moins mauvaise par les experts de Bruxelles. Cela a inspiré des collégiens de la région de Toulouse en France d'écrire un scénario sur base du récit d'un élève originaire du Kosovo, né de parents serbes. Scénario repris et retravaillé par Mohamed Latrèche qui a présenté, jeudi soir à la Librairie Socrate à Alger, en avant première, son court métrage L'Aide au retour , d'une durée de 18 minutes. Un couple est reçu par une française d'origine africaine, jouée par Aissa Maiga, l'héroïne de Bamako (le long métrage de Abderrahmane Sissako) qui accueille le couple serbe dans une administration chargée de l'immigration. Elle leur propose une somme d'argent pour retourner dans leur pays. « L'aide au retour est une mesure récente. C'est une opportunité qui ne se représentera probablement pas, en tout cas, pas dans un futur proche », dit-elle avec le ton d'une parfaite bureaucrate. Elle fait le calcul. « L'Etat donne pour les parents 3500 euros. Pour chaque enfant, l'Etat en offre 1000. Dans votre cas, ça fait 2000 euros. Cela nous fait 5500 euros en tout. En outre, et c'est le point le plus important, si vous acceptez cette offre financière dans les deux mois qui suivent, la somme est doublée. Onze mille euros sont quand même une somme intéressante qui permet de démarrer une nouvelle vie dans votre pays », ajoute la fonctionnaire dans un propos qui ressemble à un négoce de tissus. La femme, campée par l'actrice et comédienne croate Mila Savic, réagit avec colère.« Nous ne souhaitons pas entrer au Kosovo. Vous ne savez rien à ce qui s'est passé au Kosovo », crie-t-elle devant l'employée. « Nous allons réexaminer votre demande de réintégration à la société française », réplique-t-elle avant de répondre au téléphone. Depuis le début des années 1990, le Kosovo milite pour son indépendance vis à vis de la Serbie qui l'occupe après le départ des Ottomans en 1912. Vers 1998, le Kosovo a connu une véritable purification ethnique menée par l'armée serbe à l'encontre des Albanais de confession musulmane. L'armée serbe ne s'est retirée qu'après l'intervention musclée de l'OTAN en 1999. Les Serbes ont connu également des exactions. Le statut du le Kosovo est toujours suspendu. « C'est une histoire racontée par un enfant. Et un gamin calcule moins. Je ne suis pas Kosovar, je ne parle pas le serbe. Mais, ce qui m'intéressait était l'exercice de mise en scène. Je ne rentre pas dans les raisons du conflit entre Serbes et Albanais. C'est compliqué », explique Mohamed Latrèche lors du débat qui a suivi la projection du court métrage. Pourquoi le choix d'une fonctionnaire des services de l'immigration d'origine africaine ' « La France est une machine qui intègre et désintègre. Je n'aime pas le mot « intégrer ». Le fait d'avoir mis une fonctionnaire issue de l'immigration peut, probablement, susciter la réflexion », a expliqué Mohamed Latrèche. Le projet est, selon lui, né d'une amitié avec des producteurs du département français du Lot. Ceux-là mêmes qui avaient produit son premier court métrage, Rumeurs, etc , tourné à Sidi Bel Abbès, il y a quatre ans. L'aide au retour a été tourné au début 2009 à Toulouse. « A l'origine, il y avait une version du scénario écrite par une vingtaine de collégiens de quinze nationalités différentes. Une démarche originale. Ils ont décidé de se focaliser sur l'histoire de l'un de leurs camarades, qui a participé à l'écriture lui aussi,et qui « lui » venait du Kosovo », a souligné le réalisateur du court métrage. Le film sera diffusé en décembre prochain par France 2. Avant cela, il sera dans la sélection officielle des festivals de Montpellier, Brest et Toulouse.


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