Regard, spiritualité et mystère

Chez Khaled Rochedi Bessaïh, qui expose depuis le 19 décembre et jusqu'au 2 janvier à la galerie Ifru.Design, les peines et les joies des personnages sont perçues à travers l'expression visuelle. L'univers auquel il nous convie met le sujet et le spectateur dans une relation 'interdépendance, où le regard du premier ne saurait exister sans la contemplation du second.On dit des yeux qu'ils sont la fenêtre de notre âme, qu'on pourrait sonder les peines et les joies d'autrui rien qu'à travers le regard. Les peintres, depuis l'Antiquité, portent une attention particulière à l'expression visuelle de leurs personnages, chez qui on peut déceler une grande palette d'émotions.
Qui ne s'est pas longuement attardé sur une ?uvre afin de déchiffrer ce qui se cache derrière le regard d'un ou de plusieurs personnages ' Chez Khaled Rochedi Bessaïh, qui expose depuis le 19 décembre et jusqu'au 2 janvier à la galerie Ifru.Design, les émois des personnages sont perçus à travers l'expression visuelle. L'univers auquel il nous convie met le sujet et le spectateur dans une relation d'interdépendance, où le regard du premier ne saurait exister sans la contemplation du second.
De cette douzaine de toiles exposées, aussi, les expressions de certains personnages sont influencées par leur rapport à d'autres. À l'instar de ceux des tableaux La Vie en rose et Loin de Rose, qu'on imagine être deux amants éloignés par les circonstances de l'existence. Dans un autre, Contre mon c?ur, ce sont une maman et sa fille, qui auraient vécu, si l'on se réfère aux vêtements qu'elles arborent, dans les années 30 ou 40 du siècle dernier, qui se réconfortent dans les bras l'une de l'autre.
Les yeux, même baissés, expriment les tourments que doit vivre la mère qui protège sa fille d'on ne sait quel danger ou infortune qui l'attend. Une toile dédiée au Hirak est sans doute la pièce maîtresse de toute l'expo. Son originalité conceptuelle (chaînes en métal de part et d'autre du tableau, chiffres en relief, etc.) n'a pas éclipsé son message qui résonne encore aujourd'hui, près de deux ans depuis les manifestations du 22 février.
En effet, on y voit un pantin enchaîné par le cou à un magicien qui contrôle tous ses faits et gestes. Le chiffre 5 est cerclé de rouge, et au bas de la peinture nous pouvons lire "non" en arabe. Sur d'autres toiles, Bessaïh questionne encore l'âme humaine, mais cette fois-ci sans cette "fenêtre" qui révèlerait tout d'elle. Où va l'Homme ' Vers quoi se dirige-t-il ' Qu'est-ce qui le tourmente jusqu'à l'errance ' Dans Spiritus, elevatione (Esprit, élévation), il se réapproprie la théorie de l'évolution de Darwin et la transfigure sous une forme antinomique. Car, chez Bessaïh, la métamorphose s'opère dans l'esprit humain. Plus il grandit ou prend de l'âge, plus la complexité de l'existence le pousse à chercher toujours plus loin des réponses à des questions existentielles.
Pourquoi je suis ' Vers où je vais '... Khaled Rochedi, dans l'exploration de l'âme, use d'une multitude d'outils et d'un symbolisme imprégné de spiritualité, de mystère et d'imagination.

Yasmine Azzouz