Les éditions Colorset organisent actuellement à la galerie Isma (espace 108 à l'Oref) une exposition de photographies, de trois jeunes artistes, qui se tient jusqu'au 6 janvier.
L'expo «Dzair, des Livres et des Images» présente les travaux de trois photographes Ouamar Walid Aït Mohand, Rachik Bouanani et Mehdi Hachid ainsi que de nombreux ouvrages édités par les éditions Colorset. Des ouvrages qui s'inscrivent dans la collection des beaux livres et livres d'art. Cette manifestation est organisée par ailleurs avec le soutien de l'association Patrimoine.
C'est à l'occasion de la sortie du livre qu'une partie des photos signées Rachik Bouanani, sont visibles à cette expo à laquelle ont été associés deux autres photographes qui présentent des images relevant de la même thématique, à savoir la ville d'Alger. Originaire d'Algérie, Rachik Bouanani n'a pu être au vernissage vendredi dernier. Il vit actuellement au Canada depuis quatre ans bien que son travail ait bien été réalisé ici. Déclinées entre couleur et noir et blanc, les images de Rachik Bouanani montrent des paysages extérieurs comme le Bastion 23, le marché, la Grande-Poste, un poissonnier et d'autres intérieurs avec la vie quotidienne et quelques personnes. Alger, pour Aoumar Walid Aït Mohand se traduit avec ces images en noir et blanc de la femme à la Casbah, la présence du drapeau algérien, des vues sur les terrasses...
«j'ai vu le livre, l'idée a commencé à germer, j'ai pris mon boîtier et j'ai commencé à prendre des photos lors de l'évènement du hayek qui s'est tenu le 1er-Novembre dernier» (organisé par l'artiste performeuse Souad Douibi ndlr). Il s'agit de ma propre vision. Je suis infographiste. j'ai travaillé par ailleurs sur le design du livre. c'est comme ça que j'ai eu l'idée de prendre part aussi au projet...». De son côté, ce qui frappe dans le travail de Mahdi Hachid, ce sont ces angles assez spécifiques, différents des autres, ce travail du cadre. Le vide. Ce qui est exploré est d'un côté l'humain et de l'autre la batiste. Parmi ces vues, l'artiste a su capter quelques fulgurances des gens qui passent, fait des portraits d'un cordonnier notamment, mais a su saisir également de simples moments comme cet enfant qui regarde à travers l'entrebâillement d'une lucarne sur le toit d'un immeuble. Une image émouvante. Le drapeau algérien, associé à la tessiture des photos en noir et blanc, nous plonge dans le passé. Lui aussi a immortalisé la performance des femmes en hayek à Alger. Le vide est perceptible dans ces photos montrant les rues d'Alger, le délabrement de la Casbah ou l'intérieur délaissé d'une maison. Si pour notre part cela évoque la solitude, pour Walid, cela convoque le sentiment d'attente. Ces images donnent cette impression d'une envie de pénétrer dans la ville à travers un regard qui se faufile. «On a un grand problème de prise d'images à l'extérieur. Il nous faut des autorisations. On ne veut pas qu'on photographie les bâtiments par exemple. Le vide exprime non pas la solitude mais l'attente pour moi. J'ai l'impression en tant qu'Algérien que je suis en train d'attendre quelque chose, mais quoi? Je ne sais pas ce que c'est.» Le jeune artiste souligne avoir pris ces photos à l'aide de différents appareils photos. Par ailleurs, ses photos datent pour certaines de 2008, d'autres de 2009 et d'autres de 2013 et 2014. Si les photos sont belles dans l'ensemble, on regrette par contre cette uniformisation quasiment du regard, qui se traduit par ces vues sur ces femmes en hayek comme un phénomène de cirque. Le traitement technique de certaines photos a été un peu surdosé, heureusement que d'autres parviennent à sauver les meubles de l'expo. Le travail en noir et blanc étant bien soigné, le relent passéiste a quelque peu droit de cité ici. Est-ce parce que cette année nous célébrons le 60e anniversaire du déclenchement de la révolution? En tout cas, au vu de cet étalage de drapeaux ici et là, même pris au présent, cela rappelle étrangement les archives de l'époque coloniale. Hélas, le regard porté sur Alger est assez policé et ne comporte pas assez d'audace, sans trop grande originalité ni de folie, même si quelques pointes de poésie arrivent qu'elles soient saupoudrées ici et là, n'empêche, Alger mérite plus qu'un regard passéiste, mais plutôt ouvert sur l'avenir et l'espoir...
Par O. HIND - Mardi 23 Decembre 2014
L'expression
Il faut un minimum d'éthique journalistique. Si votre envoyé (HIND) a pris la peine d'ouvrir le livre, elle aurait vu que le livre n'est pas une vue passéiste. Le but du livre DZAIR est de figer le temps pour les générations futures. Les photos ont été prises entre 2005 et 2008.
Rachik - Photographe - Alger, Algérie
16/01/2015 - 236267
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Posté Le : 25/12/2014
Posté par : frankfurter
Photographié par : Hichem
Source : http://www.lexpressiondz.com/culture/207652-regard-passeiste-sur-alger.html