Bonheur à Oued Sidi Ali Au pays des miracles, le bonheur survient on ne sait quand, on ne sait d’où. Il survient, c’est tout. La baraka est tombée il y a seulement trois jours sur 160 familles oranaises. Sans crier gare, dru et cotonneux, le bonheur leur a foncé dessus. Elles qui n’ont rien demandé à personne pourtant. Mais voilà, les voies du Seigneur sont impénétrables. Leurs masures, immondes baraques faites de bric et de broc, logées dans les anfractuosités des flancs du Murdjadjo, répondant au nom inattendu de Oued Sidi Ali, étaient placées là où il ne fallait pas: sur le parcours que doivent emprunter les prestigieux hôtes à venir d’Oran. Le roi Don Juan Carlos doit, en effet, honorer la ville de sa présence dans les tout prochains jours, et à l’occasion, les décideurs ont opté pour la radicalité. Puisqu’on y est, se sont-elles dit, autant le faire. Et elles ont recensé, trié, listé, déménagé et rien laissé derrière elles sur la route escarpée qui mène au fort de Santa Cruz, magnifique ouvrage surplombant la ville et que les ancêtres de nos hôtes à venir ont bâti. Les familles se retrouvent bombardées dans des logements neufs construits, eux, par les Turcs à la lisère de la ville, du côté est. Pour ceux qui ont l’habitude de faire la route vers les hauteurs de l’Aïdour, il est aisé de se rappeler les endroits où avaient fleuri ces bidonvilles infrahumains où s’entassaient les familles désormais libérées. Un amas de tôle, de bouts de bois, des chèvres et des chiens, des enfants aux yeux de feu dont le seul souci est de vite apprendre à trancher le cou aux intrus… Une pègre que la police ose difficilement affronter, tant ses «actes de guerre» font froid dans le dos. Agressions en tous genres, qui tournent souvent au cauchemar, puisqu’elles se terminent presque toutes par un viol collectif des jeunes filles enlevées à leurs familles ou à leurs compagnons. Un apaisement certain est survenu depuis l’installation d’une unité de l’armée dans le terminal du téléférique et de la garde communale aux abords de monuments des crêtes. Bon, on ne va pas bouder ce bonheur inattendu. Ce qui est bien est bien, c’est tout.
Posté Le : 12/03/2007
Posté par : sofiane
Source : www.voix-oranie.com