Regard

Pas de quartier ! Le dernier attentat au camion piégé contre une mosquée à Baghdad est le signe évident que les projections faites, il y a deux bonnes années (déjà), fonctionnent, hélas. En ce temps-là, ils ne furent pas légion à dire que les trop nombreux cadavres qui jonchent les rues irakiennes ne pouvaient être le fait exclusivement d’une «guerre», au sens où on l’entend classiquement. Il y avait anguille sous roche. Les exécutions sommaires avaient commencé avec les débuts des méfaits à grande échelle du sinistrement célèbre Zarqaoui, héros malgré lui, peut-être, mais sanguinaire tout de même. Des petits bouts de films commencent à apparaître, en effet, où l’on voit comment il a formé ses hommes: il n’avait qu’à tendre la main dans la rue pour ramasser de quoi mettre à l’épreuve les tueurs qu’il recrutait. Les jeunes gars devaient s’acquitter, avec un enthousiasme dûment constaté, des ordres qui leur étaient donnés. Par exemple, égorger un inconnu. Un Sunnite de préférence, un Chiite pourquoi pas. Une frénésie meurtrière s’empara alors du pays en feu. Un tourbillon de folie qui allait mettre en place, et pour longtemps encore, une vendetta contre l’ancien régime de Saddam: Les Chiites auraient donc une revanche à prendre contre «toutes ces années de soumission» qu’on avait pu leur faire subir. Les pays voisins, soufflant sur le feu, ne laissent guère les choses s’apaiser. Alors, c’est la surenchère à qui mieux mieux. Tu me fais un, je t’en fais trois. De l’extérieur, l’opposition démocratique a beau essayer de crier au «détournement politique» des enjeux et que même sous Saddam, la ligne de fracture n’a jamais été sunnite/chiite parmi les Irakiens… Selon elle, «des intrus non arabes mais musulmans toutefois» ont réussi à déplacer le problème et faire en sorte que les Irakiens s’entretuent pour des fadaises. Ils n’en sont plus là. Ils ont passé le gué, car à présent c’est au camion bourré d’explosifs qu’ils s’explosent mutuellement. Voilà qui promet des jours sombres dans la région, avec ou sans le retrait des troupes de l’Alliance.