Regard

Epargnez la frange marine! Le wali d’Oran a lancé un «concours d’idées» pour l’aménagement de la frange marine qui s’étend du pont Zabana à la résidence El Bahia (comme la radio locale du même nom, comme la station d’essence du même nom, comme l’association du même nom, comme la multitude de gargotes du même nom...). Nous pouvons lire sur tous les journaux locaux que tel est «le souhait du Premier responsable de la wilaya qui a insisté auprès des différents directeurs de l’exécutif et des représentants de l’APC d’Oran sur la nécessité de redoubler d’efforts pour redonner à la ville son visage qui faisait d’elle une métropole qui rayonnait sur toute la région». Est-il nécessaire de mettre l’accent sur l’usage immodéré de l’imparfait dans cette phrase? Le premier responsable de la wilaya a donc demandé aux plus belles têtes de plancher sur la question de l’aménagement d’une des plus élégantes promenades de la ville. Le décor actuel ne lui plaisant pas visiblement. Il n’y a, en effet, que verdure et belvédères pour admirer la mer, la ville en contrebas et le Murdjadjo en face. De l’autre côté de la route, une grosse cité résidentielle en construction et, plus haut, l’hôtel Sheraton. Il n’y a pas encore de tables à casse-croûte, à cacahuètes et karantika. Le wali veut-il en arriver là? C’est possible. Nous avons appris qu’un restaurateur a déjà obtenu le feu vert pour installer une nouvelle structure «panoramique» sur les lieux. C’est peut-être bien. Mais c’est déjà le prélude à une bidonvilisation de l’endroit, miraculeusement épargné pour l’instant. Le plus sage serait de ne rien y toucher. Mais comme on sait que le wali est le premier décideur local, pourrait-il au moins éviter de gros dégâts à la ville avant de partir? C’est-à-dire procéder par des appels d’offre internationaux de façon à associer les meilleurs d’autres horizons aussi. Sinon, il arrivera la même chose que de l’autre côté du rond-point, sur la route de Canastel. Un désastre dont on dit qu’il est irrattrapable à présent.