Regard

Délinquance avérée ! Le gouvernement Siniora se retrouve dos au mur après l’ultimatum adressé, hier, par le Hezbollah à son adresse. Ce dernier réclame, en effet, de jouir d’une minorité de blocage, qui représenterait quelque chose comme 30% des sièges, sinon il jette son «potentiel humain» dans la rue... Le Hezbollah considère que son offre n’est ni discutable ni négociable et que le Liban ferait ainsi «l’économie d’une passe d’armes qui risquerait de coûter cher». Evitant soigneusement de mettre au premier plan l’épineuse question du tribunal international chargé de juger les présumés coupables de l’attentat de Rafik Hariri, ce parti annonce pouvoir mettre le feu aux poudres si le pouvoir libanais s’obstine «à ne pas donner suite à ses doléances». La Syrie et l’Iran ont, d’ores et déjà, fait savoir que le Liban avait «tout leur soutien en ces moments difficiles». La première craignant la tenue de ce tribunal international qui, en toute probabilité, demanderait à écouter le président Assad en tant qu’acteur déterminant pour ne pas dire commanditaire, le second ne voulant à aucun prix que la question de la «liberté d’action de son protégé Nasrallah ne se voit un tant soit peu entravée». La fragile paix qui s’est installée au Liban après la toute récente guerre ne tient vraiment plus qu’à un fil. La force d’interposition, prise entre les intimidations quasi-quotidiennes de l’aviation israélienne et les multiples obstacles que lui pose l’omniprésence du «parti de Dieu» risquerait fort d’avoir à être réduite au mieux à une simple spectatrice, sinon à une cible facile... Tel-Aviv ne demanderait pas mieux que de renvoyer ses troupes du côté de la Bekaa terminer ce qu’elle n’a fait que commencer lors de la dernière guerre. Le grand perdant est de toute évidence le Liban qui n’arrive pas à faire jouer les institutions républicaines face aux menaces de guerre confessionnelle brandies par les Chiites du Hezbollah qui pensent qu’il est temps de prendre le pouvoir sans passer par le urnes, avec simplement la pression de la rue... Une période sombre s’annonce donc. Une de plus.