Algérie


Martyrs irakiens de la Coupe du monde ! Ils étaient 22 à regarder le match Italie-Australie dans ce café de Baghdad. Ils avaient les yeux rivés sur l’écran de télévision accroché au mur à hauteur d’homme, sirotant un thé, fumant nerveusement et se demandant pourquoi l’arbitre use ainsi immodérément de son sifflet alors que la partie lui échappe visiblement. Ils songeaient, sans se le dire, si au coup de sifflet final, presque concomitant au généreux penalty, ils allaient rentrer chez eux peinards, retrouver les leurs en attendant demain, ne sachant pas de quoi il serait fait. A aucun moment ils ne pensèrent qu’un malade mental allait débouler dans le café, chevauchant une moto bourrée d’explosifs et se faire sauter avec. Lui, c’est «un combattant islamiste de la résistance contre l’occupant». Il fait de la résistance en supprimant le maximum d’Irakiens qu’il peut. Autant il en tuera, autant il se fera poinçonner son ticket pour le paradis. C’est ainsi qu’on lui a dit de faire, c’est ainsi qu’on lui a appris le djihad. Les armées alliées doivent être combattues en faisant le plus de victimes possible parmi les Irakiens. Dans les rues de Hanovre, Berlin ou Cologne, la bière coule à flots, les parcs sont fleuris, les filles sont belles et les mecs entreprenants. Un peu fous aussi. La foule de jeunes gens est bariolée, colorée, grimée, agitée, heureuse, malheureuse, nerveuse, saoule... vivante quoi. La moto fait irruption dans le café et fauche les jeunes irakiens dans la fleur de l’âge pour une cause largement entendue. Pourtant, aucun Irakien ou presque n’a envie de voir Saddam revenir et tous les Irakiens ou presque jubilent à l’idée de le voir finir ses jours en prison, bien en vue, au lieu d’être pendu, comme l’a réclamé le procureur général lors du procès. La Coupe du monde a ses victimes. Les Irakiens tués dans cet attentat doivent à l’humanité footballistique une reconnaissance posthume. La compétition continue dans la fébrilité que l’on sait, mais la Fifa ne les voit même pas. Une petite minute de silence à leur mémoire, ce serait si peu de choses.


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