Algérie


Mémoire sélective Le président Bush est allé se recueillir au pied d’une stèle ce week-end à Budapest. Une date était portée sur le marbre noir: 1956. Bush a déclaré, ému jusqu’aux larmes: «Cette date a marqué une étape cruciale dans le combat pour la liberté dans les pays de l’Europe de l’Est». C’est vrai. Cette période sombre de l’Histoire contemporaine, où pour un oui et surtout pour un non, les chars sortaient dans les rues, a été balayée par la Glasnost à la fin des années 80. Et, selon la formule consacrée, le travail de mémoire peut se faire... Cependant, à des milliers de kilomètres de là, dans tout le continent sud-américain, les blindés yankees ont maintes fois arpenté les rues des grandes capitales et personne n’a songé, dans les sphères dirigeantes américaines, venir se recueillir pour les milliers de morts occasionnés par cette «lutte pour la liberté». De Rio de Janeiro à Montevideo, en passant par Santiago du Chili, la machine de guerre américaine ne s’est embarrassée d’aucun scrupule pour faire le ménage avec la dernière cruauté dans les rangs des populations autochtones. Les courants politiques dits de gauche, redoutés comme la peste, comptent par milliers les disparus, les torturés, les exécutés sommairement. Cette amnésie des Américains, qui laisse penser que la mémoire est sélective, n’a d’égale que la terreur qui accompagne le harcèlement des Latinos où qu’ils soient. Pied de nez de l’Histoire, toute l’Amérique latine est actuellement dirigée par des présidents de gauche, ceux-là mêmes que l’on a jetés en prison durant les soixante dernières années. La dernière en date à avoir été élue est la socialiste chilienne Bachelet, dont le père est mort sous la torture sous Pinochet. Il est vrai que Bill Clinton, de son temps, a prononcé des excuses officielles au nom des USA pour «la gestion malheureuse» des relations avec le continent du Sud... Mais il n’y a eu ni stèle, ni recueillement, ni vrai mea culpa.


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