Parce qu'elle touche l'un des plus proches du Président, cette subite éviction ouvre la voie à toutes sortes de spéculations.Qui l'aurait cru ' Abdelaziz Belkhadem, réputé pourtant comme l'un des plus fidèles lieutenants du président Bouteflika, longtemps couvé et projeté à des postes de responsabilité de premier plan, a été jeté en pâture d'une manière pour le moins inélégante, trahissant les relents d'une ranc?ur tenace du Président à l'encontre de l'un de ses protégés.En décidant de rendre public ce qui s'apparente à un brutal limogeage, la Présidence entendait visiblement humilier le personnage. "Le président Bouteflika a pris un décret en vertu duquel il a mis fin aux fonctions de Abdelaziz Belkhadem en qualité de ministre d'Etat, conseiller spécial à la présidence de la République, ainsi qu'à toutes ses activités en relation avec l'ensemble des structures de l'Etat", a indiqué la présidence de la République dans son communiqué laconique. La même source a précisé, par ailleurs, que "contact a été pris avec M. le secrétaire général du parti du Front de libération nationale (FLN) à l'effet de prendre les mesures nécessaires afin de mettre fin aux fonctions de M. Abdelaziz Belkhadem au sein du parti et interdire sa participation aux activités de l'ensemble de ses structures". Non seulement la présidence signifie que, désormais, Belkhadem n'accédera à aucune fonction officielle, du moins tant que Bouteflika tient les rênes du pouvoir, mais aussi s'engage à tout mettre en branle pour l'éliminer du parti. Cette brutalité dans le langage qui dissimule à peine la violence de la réaction présidentielle, inaugurant, ainsi, de nouvelles traditions dans la manière dont sont réglés les différends entre "copains" dans le sérail, suggère de graves divergences entre le Président et son désormais ex-conseiller. À moins que Belkhadem ne soit coupable d'une faute grave dont on ne connaît pas pour l'heure la nature. Serait-ce en raison de sa participation à l'université d'été du Front du changement (FC) d'Abdelmadjid Menasra à Boumerdès où il s'est affiché en compagnie d'Ali Benflis, lequel n'a pas ménagé le Président dans son discours ' S'agit-il, comme l'avancent certains journaux, de la conséquence de son refus à la participation de l'Algérie aux festivités du 14 Juillet en France ' Si tel était le cas, pourquoi ne l'a-t-il pas limogé plus tôt ' C'est parce que le contexte politique est particulier, à la veille d'une rentrée politique qui sera notamment marquée par la révision constitutionnelle, prélude aux man?uvres à la succession au président Bouteflika, que ce limogeage semble obéir à des considérations de pouvoir. En décidant de jeter en pâture Abdelaziz Belkhadem, au-delà de satisfaire l'ego d'un homme qui n'aime pas être contrarié, Bouteflika élimine ainsi un potentiel successeur qui n'a jamais dissimulé ses ambitions présidentielles. Celui qui, il n'y a pas si longtemps, claironnait qu'il ne se présentera jamais contre Bouteflika semble avoir senti son heure arriver, notamment avec les soucis de santé du Président qui ne lui permettent plus de briguer un nouveau mandat. C'est pourquoi il multipliait, depuis quelques mois, les man?uvres en coulisses en perspective de récupérer l'appareil du FLN, une véritable machine électorale, sans compter les réseaux tissés au milieu des affaires et de la mouvance islamiste. Des atouts qui peuvent servir ses ambitions. Mais la présidence ne l'entend pas de cette oreille, elle qui veut peser de tout son poids dans le passage de témoin. Ce n'est d'ailleurs pas sans raisons que Belkhadem accuse le frère du Président et Amar Saâdani, porté à la hussarde à la tête du FLN par la grâce du Président, d'être derrière sa mise à l'écart, alors qu'Abderrazak Makri évoque "une guerre de clans". Cependant, au-delà des réelles motivations ayant conduit au limogeage de Belkhadem, objet pour l'heure de spéculations faute d'éléments probants et de l'opacité qui caractérise le régime algérien, cet épisode, probablement le premier dans les annales politiques algériennes, révèle le caractère féroce des luttes dans le sérail et inaugure des traditions préjudiciables aux institutions de la République, à commencer par la plus prestigieuse d'entre elles : la présidence de la République.K. K.NomAdresse email
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Posté Le : 28/08/2014
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Karim Kebir
Source : www.liberte-algerie.com