Algérie

Refus de l'arbitraire Edito : les autres articles



La mobilisation des Tunisiennes contre la remise en cause de l'égalité des droits entre l'homme et la femme dans le projet de Constitution qui se concocte actuellement au Parlement tunisien a de quoi susciter l'admiration. Elles sont descendues par milliers dans les rues de Tunis et d'autres villes pour réclamer le maintien de cet acquis fondamental démocratique consacré par le Code de statut personnel, adopté par la Tunisie indépendante en 1956, sous le régime du président Bourguiba. Une mobilisation sans pareille qui n'est pas sans nous rappeler celle que l'on a connue en Algérie en 1994, au cours des marches populaires contre le terrorisme où les femmes avaient pris une part importante et remarquée. Cette année-là, elles étaient des dizaines de milliers à défiler dans les rues d'Alger et des grandes villes du pays pour clamer leur rejet de l'intégrisme et de sa violence armée. Une démonstration de la société civile qui prouvait qu'à l'époque, elle avait encore quelques ressorts, des réserves d'énergie et de résistance.
Devant une telle mobilisation, on était loin de se douter que moins de deux décennies plus tard, on ferait face à une inquiétante vacuité et à une sidérale démobilisation face aux multiples remises en cause des acquis démocratiques de la part aussi bien d'un pouvoir autoritaire totalement autiste et fermé aux attentes des citoyens que de courants conservateurs poussant la régression de la société dans son ensemble. Et l'on comprend aisément pourquoi les courants rétrogrades ont commencé par cibler les femmes et pourquoi le terrorisme s'est particulièrement acharné sur elles. Tout simplement parce qu'elles avaient, à chaque fois, refusé le diktat des intégristes qui voulaient les empêcher de travailler ou les obliger à porter le voile au risque de leur vie. L'exemple inoubliable de cet autocar d'enseignantes de Sidi Bel Abbès égorgées à leur retour du travail par le GIA (Groupe islamique armé) marquera les esprits de toute une génération pour longtemps. Des pans entiers de la société algérienne ont été ainsi pris entre le marteau et l'enclume, subissant les affres du terrorisme islamiste et l'abandon par un pouvoir plus soucieux de la préservation de ses intérêts et de sa survie que d'autre chose.
Deux décennies plus tard, tous les ressorts démocratiques de la société s'en trouveront ainsi brisés. Pas seulement, puisque même les mécanismes de solidarité traditionnels ont disparu, ou presque, face à l'individualisme né d'un ultralibéralisme débridé et d'un laisser-faire totalement effréné de l'Etat, de la puissance publique, accompagné d'un mortifère laisser-aller. Une situation où les plus faibles sont encore plus vulnérables au sein de la société, face à l'impunité et à l'arbitraire des puissants. La corruption et la prévarication des biens de la collectivité ne font qu'accentuer ce sentiment d'injustice qui règne. Dans ces conditions, tout effort du pouvoir pour maintenir une «paix sociale» par tous les moyens finira tôt ou tard par connaître ses limites.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)