Algérie

Réformes politiques et économiques



Deux annonces importantes ont été faites par son le Président de la République lors de l'annonce de sa candidature pour l'élection du 18 avril 2019 : celle d'une grande conférence nationale regroupant toutes les composantes de la société, pas seulement les partis, mais avec une attention particulière à la participation de la société civile, ensuite suite aux propositions, la révision constitutionnelle où selon certains rumeurs serait crée une poste de vice président, le renforcement des prérogatives du premier ministre et du parlement et de profondes réformes institutionnelles allant vers la décentralisation.Cette présente et modeste analyse se veut une contribution au débat qui engage l'avenir de l'Algérie qui a un répit de trois ans, ne souffrant pas d'une crise financière mais d'une crise de gouvernance. Mais cette crise de gouvernance risque de se transformer en crise financière horizon 2022, si l'on ne change pas de cap, interpellant pas seulement l'Economique mais le Politique et toute la société, d'où l'importance de la conférence proposée par le Président de la république, tolérant nos différences, pour faire face aux nombreux défis géostratégiques et socio-économiques.
1- Un bilan, sans complaisance s'impose, ni autosatisfaction, ni névrose collective. L'Algérie est fortement dépendante tant des biens de consommation finale que de la majorité de entrants tant des entreprises publiques que privées, (taux d'intégration inférieur à 15/20%) et assistant paradoxalement à l'exode massif de ses cerveaux du fait de leur dévalorisation avec l'importation de l'assistance étrangère dont le poste au niveau de la balance de paiement atteint un niveau intolérable (10/11 milliards de dollars/an 2016/2018) qui s'ajoutent à l'importation des biens dont toutes les mesures bureaucratiques n'ont pas permis la baisse substantielle (45/46 milliards de dollars 2016/2018), encore que le montant de l'endettement extérieur qui grâce aux remboursements par anticipation est faible.
Le divorce entre les objectifs et les moyens de réalisation (faiblesse des capacités d'absorption) entraîne un gaspillage des ressources rares, avec une mauvaise gestion que l'on voile par de l'activisme et sans bilan réel,(comme la règle des 49/51%), une fuite en avant dans des projets non maturés, ensuite mal faits, souvent réévalués expliquant le faible taux de croissance non corrélée à l'importance de la dépense publique (moyenne de 3% entre 2010/2018). Or le taux d'emploi et donc la baisse du taux de chômage, tenant compte de la pression démographique (arrivée chaque année de 350.000/4500.000 de demandes d'emplois additionnelles qui s'additionnent au stock du taux de chômage actuel sous estimé, surtout le segment féminin) est fonction du taux de croissance et des structures des taux de productivité.
On ne peut assister à une baisse du taux de croissance et paradoxalement affirmer que le taux de chômage diminue ou que le pouvoir d'achat augmente, amplifié par la concentration excessive des revenus au profit d'une minorité rentière et non d'entrepreneurs mus par la création de richesses. D'où l'importance d'un discours de vérité, rien que la vérité évitant tant de verser dans l'auto- satisfaction, renvoyant à une autre culture d'Etat et donc de la mise en place de mécanismes transparents que la sinistrose. De 1999 à 2018, contrairement à certaines analyses malveillantes, n'oubliant jamais la destruction massive de l'économie 1990/1999 sans compter le traumatisme de la population à d'importantes réalisations.
Ceux qui affirment que rien n'a été réalisé depuis l'indépendance politique et durant la période 2000/2018 versent dans le dénigrement politique car qu'était objectivement l'Algérie entre 1963/1999 et entre 2000/2018' Nous avons assisté incontestablement à bon nombre de réalisations notamment : dans les infrastructures notamment les routes, l'eau (Oran et bon, nombre de villes étaient alimenté en 2000 avec de l'eau salé), dans l'intensification des branchements de l'électrification-gaz, dans la construction massive de logements, les infrastructures hôtelières malgré le bas niveau des prestations et un prix élevé par rapport au pouvoir d'achat moyen, le tourisme devant devenir un levier stratégique les télécommunications également avec des prestations moyennes, la santé, malgré une relative détérioration et la construction dans l'éducation malgré la baisse du niveau,le développement indéniable de l'agriculture malgré la hausse des prix, la création de certaines unités industrielles dont la dynamisation du secteur privé mais avec incohérence nécessitant sa réorganisation, une répartition du revenu national certes pas égalitaire mais garante de la stabilité sociale posant d'ailleurs la problématique des subventions non ciblées intenables dans le temps renvoyant à la nécessaire transition énergétique. Mais il faut reconnaître une non maîtrise de la gestion avec des surcoûts exorbitants et l'urgence de corriger l'actuelle trajectoire qui a atteint ses limites posant la problématique de la refondation de l'Etat.
2- La refondation de l'Etat pose fondamentalement la problématique de la moralisation de la société algérienne renvoyant à l'actualité des analyses ibn khaldoudiennes de décadence de toute société anémique : méditons les expériences du syndrome hollandais (corrélation entre l'aisance financière et la corruption généralisée), la Roumanie communiste qui avait une dette extérieure zéro mais une économie en ruine et une misère croissante et récemment la semi faillite du Venezuela première réservoir pétrolière mondiale. En effet, la moralisation renvoie aux différents scandales financiers qui touchent certains secteurs publics et privés, la corruption relatés chaque jour par la presse nationale, encore que dans tout Etat de droit cela implique la présomption d'innocence afin d'éviter les suspicions et les règlements de comptes inutiles.
La refondation de l'Etat ne saurait se limiter à une réorganisation technique de l'autorité et des pouvoirs. Elle passe par une transparence totale et une clarté sans nuance dans la pratique politique et les hommes chargés par la Nation de la faire car la gouvernance est une question d'intelligence et de légitimité réelle et non fictive. C'est dans ce cadre qu'il faille revaloriser le savoir et donc la compétence qui n'est nullement synonyme de poste dans la hiérarchie informelle, ni de positionnement dans la perception d'une rente. La compétence doit se suffire à elle-même et son efficacité et sa légitimité se vérifient surtout dans la pertinence des idées et la symbolique positive qu'elle ancre dans les corps et les acteurs sociaux.
La compétence n'est pas un diplôme uniquement mais une conscience et une substance qui nourrissent les institutions et construisent les bases du savoir. Sans cela, les grandes fractures sont à venir et les tentatives de refondation de l'Etat ne seraient plus en mesure de réaliser les aspirations d'une Algérie arrimée à la modernité tout en préservant son authenticité. Car cette nécessaire refondation de l'Etat est une condition nécessaire pour la réussite des réformes institutionnelles et l'optimalisation de la dépense publique ainsi couplée avec de nouvelles formes de protection sociale, pour plus de justice sociale non antinomique avec l'efficacité économique.
Comme je l'ai rappelé souvent, en ce mois de février 2019 et cela ne date pas d'aujourd'hui, l'Algérie traverse avant tout une crise de gouvernance ce qui implique d'avoir une vision stratégique de l'Algérie horizon 2020/2030 du devenir de l'Algérie. L'Algérie a toutes les potentialités, pour dépasser les tensions budgétaires actuelles mais pour paraphraser les militaires devant s'attaquer à l'essentiel et non au secondaire afin de ne pas se tromper de cibles. Il existe une loi en sciences politiques: 20% d'actions bien ciblées ont un impact de 80%. Mais 80% d'actions mal ciblées ont un impact seulement de 20%.
(A suivre) A. Mebtoul


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