Algérie

Réformes économiques: La carte du Partenariat Public-Privé


Remis au goût du jour par l'UNEP, le Partenariat Public Privé(PPP) «ne semble emballer ni les décideurs encore moins les hommes d'affaires alors que le secteur public marchand cherche des partenaires pour participer à la relance économique nationale», relèvent des managers. «Le partenariat entre les secteurs public et privé est un moyen de rationalisation qui permet de moderniser la gestion et d'éviter tout monopole», affirment des économistes.Des assises sur la relance du secteur de l'industrie organisées pendant trois jours au début du mois en cours, au forum algéro-ukrainien ouvert à Alger le 12 du même mois, en passant par la conférence économique algéro-égyptienne dont les travaux se sont aussi déroulés à Alger une semaine après, jusqu'au 3ème sommet du forum Turquie-Afrique organisé à Istanbul la même période, à aucune de ces occasions, les responsables algériens n'ont évoqué le PPP comme entre autres formules ou même la plus importante pour la relance et la coopération économiques. En effet, à revoir l'ensemble des déclarations officielles au cours de ces événements, aucune d'elle ne l'a rappelé à l'esprit entrepreneurial qu'il soit public, privé ou étranger.
Si toutes les déclarations officielles au cours de ces rendez-vous économiques ont évoqué la relance et le partenariat, aucune d'elle n'a fait état de l'utilité voire la nécessité de faire valoir le PPP en vue de lancer les projets d'investissements dont l'économie nationale a besoin. Il faut rappeler pourtant que le secteur public marchand que le gouvernement veut relancer en mettant en avant l'industrie est pratiquement tombé en désuétude à force de rester inactif ou tout au plus à fonctionner avec le plus infime de ses capacités matérielles avec les finances en moins. Présent à la journée de l'UNEP sur le PPP, un ancien directeur général d'une grosse entreprise publique a lancé que «l'état de dégradation des entreprises publiques est aujourd'hui chose évidente, les conséquences de la COVID-19 ayant fortement accentué ce processus».
«Il faut bien définir le PPP»
Aujourd'hui, il est convaincu qu' «il ne faut plus parler du quantitatif mais du qualitatif pour pouvoir cibler et agir vite pour le redressement du secteur public et de l'économie nationale en général». Il a enchaîné, comme nous l'écrivions dans notre édition du 27 octobre dernier, en indiquant qu' «il faut élaborer une stratégie digne de ce nom pour sauver ce qui pourrait l'être, définir le cadre et les modalités de sa mise en ?uvre(...)».
L'Union nationale des entrepreneurs privés lui avait tracé la feuille de route à cet effet. L'organisation que préside Lakhdar Rakhroukh semblait, ce jour-là, porter un projet auquel présidence de la république et gouvernement avaient donné leur accord. L'UNEP avait recommandé «de contribuer à l'instauration entre les principaux acteurs de la vie économique d'une réflexion autour de questions qui revêtent un intérêt particulier pour un fonctionnement efficace de notre outil national de production». L'ossature et aussi l'objectif de «ce fonctionnement efficace», l'organisation patronale publique a choisi de lui dédier la formule du PPP. Il est connu et reconnu qu'il existe certes des PPP qui ont failli à leur mission de relancer et moderniser le secteur public en optant pour une privatisation qui n'a pas dit son nom et au «dollar» symbolique. Il s'agit en tête de liste du partenariat qui a poussé à la création de MADAR dont l'appellation ancienne n'est autre que la grosse société nationale des tabacs et allumettes (SNTA), spécialisée depuis l'indépendance dans la chaîne de fabrication du tabac, de bout en bout. Ceux qui ont suivi cette action de partenariat se désolent à ce jour du fait que «l'Algérie a bradé la SNTA en la cédant à un montant dérisoire qui ne dépasse pas les 7 millions de dollars alors qu'elle a été évaluée à 1 jusqu'à 2,5 milliards de dollars». Pis encore, «depuis la création de Madar, l'Algérie se fait livrer ses matières premières de l'étranger alors qu'elle les avait localement et perd ainsi annuellement 1,8 milliard de dollars», ont-ils noté...
L'UNPE le sait puisque Madar fait partie de son portefeuille d'entreprises qui lui sont affiliées. C'est certainement ce qui la laisse recommander aujourd'hui qu'il faut bien définir le PPP pour pouvoir le mettre en ?uvre.
«Il faut de l'argent nouveau, des apports, des capitaux»
«Le PPP ne doit pas être ouvert à des opérateurs économiques privés qui se contenteront de prendre des prêts auprès des banques publiques pour prétendre investir dans le secteur public ou relancer ses entreprises, il faut de l'argent nouveau, des apports, des capitaux privés pour booster l'économie nationale par l'investissement», ont soutenu certains de ses membres.
Dans notre édition du 22 mars 2016, nous écrivons que «la conception, la réalisation, la maintenance, l'exploitation des grands projets publics en partenariat public-privé (PPP), sont aujourd'hui des stratégies centrales des Etats (pays industrialisés comme les pays émergents,(...) qui utilisent les PPP pour avancer dans la modernité et pour répondre aux attentes socio-économiques de la population,» en reprise d'avis des spécialistes dans une rencontre organisée à cette époque par l'INPED (Institut National de la Productivité et du Développement Industriel). Les professeurs formateurs avaient averti que «les PPP ne doivent être confondus avec les contrats de partenariats classiques, tels entre autres la mise en contrat de management d'un actif public, les contrats d'association dans le domaine des hydrocarbures, la cession partielle du capital des entreprises publiques, (...)». Aussi, «le recours aux contrats de PPP est en partie lié à la difficulté croissante de la personne publique, des pays industrialisés comme des pays en développement, à financer les investissements lourds», avaient-ils expliqué.
L'UNEP a organisé sa journée du 27 octobre pour débattre dans ce sens sur l'«Organisation et Gouvernance du secteur public marchand, Rôle du gestionnaire public dans la relance économique et Partenariat public-privé».
Le PPP est précisé par les spécialistes comme étant «un partenariat de long terme donnant lieu à un contrat entre l'autorité contractante (institution ou entreprise publique(...) et une partie privée (entreprise algérienne, consortium d'entreprises algériennes ou algériennes et étrangères, une société de projet) avec des objectifs clairement partagés et par lequel la partie privée s'engage à réaliser tout ou une partie d'un projet d'infrastructures nécessaires au service public ou d'un projet de service public relevant du champ de compétence de l'autorité contractante et assume une partie significative des risques qui y sont associés».
«Le PPP pour éviter les fermetures et les monopoles»
La conclusion de l'UNEP est qu'aujourd'hui, «il faut se pencher sur le partenariat public-privé et la promotion de l'Investissement», des sujets qui, a écrit son président dans sa lettre de présentation de la journée sur le PPP, «porteront notamment sur la nécessité de la mise en place d'un dispositif juridique opérationnel encadrant le partenariat en question ainsi que l'organisation et la gouvernance du secteur public marchand». Selon certaines sources, il semble que le travail a commencé dans ce sens. «L'utilité du PPP pour sauver le secteur public marchand et le sortir de sa léthargie a été prouvée au niveau des économies de plusieurs Etats dont les plus industrialisés d'entre eux, il serait dommage de ne pas créer chez nous des opportunités pour que ce partenariat associe publics et privés mais aussi étrangers pour relancer notre économie», soutiennent des managers. Première opportunité à leurs yeux, lors des assises sur l'industrie, le président de la république a fait savoir que «l'ANDI a procédé au 30 novembre dernier à la levée du gel de 581 dossiers et 356 autres suivront durant la première semaine de décembre» ceci, «même s'il n'a pas précisé de quels projets s'agissait-il, ce sont toutes de bonnes occasions pour construire des partenariats économiquement rentables», soutiennent nos sources. Autre opportunité pour eux, le président a aussi indiqué que «l'industrie n'enregistre une croissance que de 5 à 6% par rapport au PIB, ce qui donne une idée sur le défi à relever, celui d'une croissance de l'industrie à 15 ou 20% du PIB, on peut l'avoir à 10% mais il nous faut 15% pour que le secteur puisse participer dans la relance économique». Selon eux, «l'industrie nationale pourrait servir de vivier pour le PPP». D'autant qu'à ce moment, Tebboune avait interdit aux banques de financer des projets privés mais s'est rétracté lors des assises sur l'industrie en les exhortant à accorder des aides financières «jusqu'à 90%».
Les spécialistes concluent alors que «la formule de partenariat public-privé (PPP), contrairement à la privatisation, est un outil moderne de mobilisation conjointe des capitaux privé et public, de développement partagé et de régulation visant à instaurer la confiance entre les secteurs privé et public». Ils soulignent dans cet ordre d'idées que «le partenariat entre les secteurs public et privé est un moyen de rationalisation qui permet de moderniser la gestion, de lutter contre les gaspillages, de supporter conjointement les risques entre les deux secteurs, de renforcer la cohésion sociale et d'éviter tout monopole, et toute spéculation afin de préserver l'intérêt général». Ils notent en dernier que «les pouvoirs publics maintiennent une minorité de blocage au sein de l'entreprise mixte afin d'orienter les activités et les investissements, participer à la fixation des coûts et des prix, augmenter la production, veiller en interne à l'application et au respect des lois, règlements et normes et éviter les fermetures et les monopoles».
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