Tout en relevant l'absence flagrante du contrôle de l'Etat dans les
sphères économique et commerciale, l'UGTA estime
qu'il est temps de démystifier la question de l'amnistie fiscale en en faisant
l'objet d'un débat réel.
La Centrale syndicale a finalisé plusieurs documents relatifs à la situation
économique et sociale du pays et ce en prévision de la tripartite qui devrait
la réunir avec le gouvernement et le patronat public et privé à la fin du mois
de septembre. Entre autres réflexions, celle sur la valorisation et la
promotion de la production nationale. L'équipe de Sidi Saïd appelle le
gouvernement à bâtir la croissance du pays sur une politique de protectionnisme
et le patriotisme économique. Soulignant que «la croissance de notre économie
constatée ces dernières années, est surtout le fait de la dépense publique
d'investissement», l'UGTA estime que «la valorisation
et la promotion de la production nationale doivent être considérées comme un
acte patriotique, plus que nécessaire dans la phase actuelle caractérisée par
l'agressivité de la mondialisation.» Elle fait remarquer que «les pays nantis
n'ont aucun état d'âme à protéger leur production nationale.» Pour les
syndicalistes, toutes les politiques économiques du pays doivent converger pour
en faire du développement de la production nationale une priorité nationale
durable.» Une telle démarche a, selon l'UGTA, «des
implications directes sur deux aspects primordiaux qui touchent de près la
société, à savoir l'emploi et le pouvoir d'achat.» C'est ce qu'elle pense être
«la clé de voûte de la stabilité sociale.»
Les syndicalistes appellent alors
«à une mise à plat de la politique fiscale dans ses volets impôts sur les
revenus, impôts sur les entreprises, TVA, ainsi que les cotisations et les
taxes et droits de douanes.» Ceci, disent-ils «afin de les mettre en cohérence
avec les objectifs d'encouragement et de promotion de la production nationale, de
créations d'emplois et de défense du pouvoir d'achat des citoyens.» Les experts
engagés par la Centrale
syndicale gardent à l'esprit que «l'amnistie fiscale qui taraude depuis
plusieurs années les patrons privés est une question fondamentale qu'il faut
trancher un jour ou l'autre.» Mais les esprits des compagnons de Sidi Saïd
préfèrent eux, rappeler des réalités crues qui minent le terrain économique et
social du pays. Ils estiment que «l'amnistie fiscale qui se veut un mot d'ordre
des hommes d'affaires privés a été décidée de facto et ce depuis de longues
années». «L'informel est bien installé dans notre pays en violation de toutes
les lois de la république. N'est-ce pas une amnistie fiscale qui ne dit pas son
nom ?» interrogent les responsables de l'UGTA. Il
n'est pas difficile pour eux de citer des exemples de commerces illicites
auxquels l'Etat a choisi la solution de facilité, celle «de tourner le dos.» El
Hamiz, Dubaï, Tidjelabine, Tadjnet, ces places commerciales - des paradis fiscaux- qui
échappent à tout contrôle. «Je défie les services financiers de trouver une
seule facture ou un document légal,» nous dit l'un des responsables de l'UGTA. Bien qu'à la Maison du peuple, les experts planchent sur les
mesures d'encouragement de la production nationale publique et privée «sans
distinction aucune», les responsables syndicaux n'hésitent pas à relever «les
nombreux manquements de beaucoup de patrons privés à leurs devoirs fiscaux.»
Ils se donneront un plaisir pour faire remarquer qu' «alors que l'emploi manque
dans notre pays, il y a des privés qui ont délocalisé leurs usines en Chine. N'est-ce
pas malheureux ?» Avec ça, il n'est pas dit, ajoutent nos sources que «les
entreprises privées s'acquittent de tous leurs impôts. A des exceptions près, on
sait que leurs déclarations fiscales sont bien en deçà de ce qu'elles
engrangent comme dividendes.» Le tout se fait, expliquent nos sources «dans une
totale indifférence des services de contrôle de l'Etat qui sont désespérément
absents dans de nombreuses sphères économique et commerciale du pays.» Les
patrons privés qui échappent au fisc, pénalisent lourdement, selon l'UGTA, la collectivité en général et le citoyen en
particulier. Les syndicalistes leur reprochent de «quémander régulièrement des
programmes d'assainissement aux frais du Trésor public alors qu'il faut d'abord
les obliger à s'assainir au plan social et fiscal.» L'absence d'un contrôle
financier réel et rigoureux à tous les niveaux économique et social laisse la Centrale syndicale
soupirer sur le sort d'un pays «qui fonctionne par miracle.» Elle pense en fait
que l'amnistie fiscale doit être «au coeur du débat national sur les réformes
économiques.»
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Posté Le : 24/08/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Ghania Oukazi
Source : www.lequotidien-oran.com