Algérie

«Réformer le système de santé et non les hôpitaux»



La réforme de la santé était à l'ordre du jour et au menu du Conseil des ministres, tenu hier, afin de tout mettre en œuvre pour réformer le système de santé, qualifié de prioritaire par rapport au contexte. Pour rappel, un ministère délégué chargé de la Réforme hospitalière a été mis en place. Mais comment réformer et réorganiser les soins en milieu hospitalier conformément aux instructions du président de la République 'Abdelhalim Benyellès - Alger (Le Soir) - Le professeur Djamel Eddine Nibouche, chef de service cardiologie à l'hôpital Nafissa Hamoud de Hussein-Dey, s'est exprimé hier sur le sujet sur les ondes de la Chaîne 3, déclarant d'abord que tout pays devrait réformer son système de santé quand ce dernier devient non performant et que « ceci n'est pas une mince affaire », car « c'est un travail de longue haleine » qui devrait impliquer plusieurs secteurs, si l'on ajoute à cela la situation « vieillissante » des hôpitaux algériens, archaïques et non performants, déclare-t-il.
Il rappelle également que cette politique devrait intégrer tous les partenaires de la santé, à savoir les experts, les professeurs, les chercheurs et tous les professionnels de la santé. Djamel Eddine Nibouche poursuit que le ministère de la Santé et de la Réforme hospitalière existe depuis une quinzaine d'années mais que « rien n'a été fait » jusque-là. Cependant, il reconnaît que les réformes du passé ont porté leurs fruits citant la réussite de la politique de la « médecine gratuite » au temps où l'Algérie ne comptait qu'une dizaine de millions d'habitants, une politique sanitaire qui a eu le mérite d'éradiquer « certaines maladies de la misère », poursuit-il.
Il rappelle que la mise en place d'un ministère délégué chargé de la Réforme hospitalière qui s'occupe de l'élaboration des textes de loi qui proposent des solutions adéquates et répondent à l'adaptation à une situation de santé publique « archaïque » et aux demandes de soins de plus en plus importantes intervient suite aux instructions du président de la République. Il s'agit, selon lui, de répondre à une demande de soins importante dans une situation de démographie galopante. Et de poursuivre que la situation archaïque actuelle résulte d'une planification non rigoureuse et ralentie si l'on ajoute à cela le changement épidémiologique en Algérie citant les maladies dégénératives, cardiovasculaires, le cancer, des maladies qui coûtent cher à l'Etat ainsi que des épidémies à gérer.
Mais doit-on réformer les hôpitaux ou le système de santé ' Le professeur Djamel Eddine Nibouche est catégorique à ce sujet, déclarant qu'on ne peut pas réformer les hôpitaux sans réformer le système de santé. Et pour cela, il explique que cette politique n'est pas du ressort du ministère de la Santé mais appelle à une action intersectorielle. « Ce travail de plusieurs années nécessite la prise en charge des priorités par la réorganisation du système de soins », affirme-t-il, jugeant que l'on assiste aujourd'hui à un désordre anachronique dans la gestion hospitalière qui repose sur des méthodes anciennes.
Selon lui, la numérisation est certes importante, mais il faut éviter les actions isolées pour des actions globales. Ceci pour dire que les gestionnaires de la santé doivent être compétents afin de parvenir à des réformes globales et modernes. « Les gestionnaires des hôpitaux ne doivent pas être issus du corps médical mais constitués d'équipes au fait du fonctionnement moderne de l'hôpital », affirme-t-il.
En d'autres termes, il juge que l'hôpital doit se débarrasser des missions de management et de maintenance. Citant à ce sujet les cliniques privées, il dira que ces dernières n'arrêtent pas de fonctionner en raison de pannes des appareils. L'exemple d'une équipe de gestion hospitalière cohérente et moderne qui gère un hôpital neuf n'existe pas en Algérie, conclut-il.
A. B.


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