Le laboratoire de recherche en ouvrages du supérieur (Laros) de la faculté des langues étrangères de l'université Oran 2 (ex-ILE), a organisé, les 14 et 15 mai, son treizième colloque international sur le thème: «La place et le rôle de l'interculturel dans l'apprentissage des langues sur les deux rives de la Méditerranée».Ce rendez-vous scientifique a été marqué par un riche programme abordant toute la thématique de l'apprentissage des langues dans sa dimension culturelle et pédagogique, à travers notamment des interventions de linguistes, anthropologues et enseignants-chercheurs dans toutes les langues enseignées à l'ILE.La culture, la différence, le colonialisme, l'histoire, l'ethnologie, mais aussi l'autre, la tolérance et le religieux, figurent parmi les mots-clés ayant marqué les débats organisés à l'issue des conférences et ateliers. Comme trame de fond, les séminaristes avaient pour objectif de réfléchir aux moyens de valoriser les apports culturels des différents pays méditerranéens, en vue de mettre en place un programme d'enseignement et d'apprentissage des langues desdits pays, tout en s'ouvrant aux pays germanophones.Un objectif ambitieux en somme. Les travaux se sont articulés autour de la problématique des omissions de l'élément de culture dans l'enseignement des langues, mais aussi de toutes les difficultés subsistant dans l'apprentissage des langues méditerranéennes, qui se croisent continuellement pourtant, à la faveur des échanges économiques et commerciaux, mais également du fait des conflits, de la migration, la question des réfugiés et les déplacements.Dans ce cadre, par exemple, Lesvignes Loïc, du groupement des établissements français, a fait part de son expérience en apprentissage de la langue française, en travaillant notamment au Soudan et autres pays arabophones. «Mon expérience m'a permis de constater certaines difficultés spécifiques à chaque pays ou région, ce qui m'a poussé à élaborer un programme d'enseignement». Justement, M. Lesvignes a présenté une communication intitulée «Spécificités articulatoires du français, du diagnostic à la gymnastique». Le conférencier s'est basé sur l'approche morpho-phonologique du linguiste russe Nikolaï Troubetskoï, pour déterminer les difficultés d'ordre physionomique rencontrées par les apprenants. Interrogé sur cette approche qualifiée d'«ethnocentriste», voire d'«euro-centriste» et d'ordre exclusive, privilégiant le centre à la périphérie, notre interlocuteur a reconnu qu'«il y a toujours un projet idéologique, culturel ou politique derrière chaque langue, et que, en effet, nous sommes aujourd'hui face à des variantes de chaque langue comme le français ou l'arabe en Algérie ou ailleurs».Et ce sont justement ces spécificités locales qui ont manqué aux différentes interventions dans le colloque. En effet, sur près d'une centaine d'ateliers, travaux et communications, nous avons constaté que les académiciens n'ont pas su dépasser le rapport Nord-Sud qui prévaut déjà, malgré les notions de dialogue interculturel et autres formules élaborées d'une rive à l'autre de la Méditerranée.Qu'il s'agisse de l'arabe, du français, de l'espagnol ou de l'anglais, les réflexions sur l'enseignement de ces langues lors de ce colloque continuent de renforcer les règles établies par le centre, comme le Cham et le Yémen, l'Arabie, Londres ou Paris, une sorte de pérennisation des extensions et influences des empires moyenâgeux ou coloniaux jusqu'à l'université, sans pour autant oser intégrer les spécificités, amazighes ou méditerranéennes, par exemple, et leur réel apport dans les structures linguistiques à même de penser à une refonte des bases de chaque langue, avec des approches privilégiant le local tout en aspirant à l'universalité.
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Posté Le : 17/05/2017
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Redouane Benchikh
Source : www.elwatan.com