Algérie

Réflexion : Et si l'Etat introduisait le système du cahier des charges



Réflexion : Et si l'Etat introduisait le système du cahier des charges
Comment alors une presse, qu'elle quelle soit, peut-elle se permettre des écarts aussi préjudiciables à la stabilité de son propre pays alors qu'en théorie elle est censée ne rapporter que des informations préalablement vérifiées ' Et si l'Etat introduisait le système du cahier des charges dans le fonctionnement de la presse ' Dans toute la presse bien sûr. Personnellement, je crois que nous y verrions plus clair et la presse écrite, dans le sens global du terme, qui n'est pour l'instant pas arrivée à  s'affranchir de ses réflexes conditionnés, pourrait alors vivre son rôle social et éducatif sous l'influence d'aucune idéologie que celle de la démocratie. Ce qui est loin d'être le cas. Que pense le lecteur de cette suggestion ' Comme là où les réponses à  ce sujet demandent du temps et de la patience pour àªtre raisonnablement exprimées en retour, j'ai pris arbitrairement le parti de défricher le terrain, en répondant en premier à  cette interpellation. Pas à  toutes les questions qu'elle sous-tend, mais au moins aux grandes lignes sur lesquelles elle s'appuie. Cependant avant d'aller plus loin, interrogeons-nous d'abord pourquoi la question du cahier des charges est-il ressenti comme une nécessité impérieuse pour sauver la presse d'un marasme à  venir qui pourrait probablement la condamner à  ne jamais se rapprocher du précieux moment de servir la liberté d'expression et d'en àªtre fière. De toute manière, que ce soit dans la presse ou dans toute autre organisation humaine, on ne peut àªtre juge et partie. Cette assertion est-elle suffisamment claire pour nous laisser imaginer la suite ' Sans doute. Mais comme j'ai autant reçu de pédagogie que j'en ai donné moi-même souvent d'ailleurs avec bonheur, je préfère, encore une habitude qui m'a toujours semblé enrichissante pour l'homme, reprendre mes démonstrations, en tout ou en partie. Ce qui relèverait de la pédagogie la plus élémentaire.JUGE ET PARTIE En effet, pourquoi ne pouvons-nous pas àªtre juge et partie ' La réponse est claire : parce qu'à travers cette formule dont les exemples les plus patents sont derrière nous, c'est-à-dire dans l'histoire, le monde s'en serait trouvé dépeuplé si nous avions continué sur la même voie. Que nous rappelle cette formule ' Que l'être le plus facilement identifiable à  travers ces prismes, n'existe pratiquement plus de nos jours, même si pas loin de nous récemment il y a eu au moins deux exemples aussi calamiteux l'un que l'autre : l'abdication du président égyptien de son fauteuil de monarque sans couronne après plus de 23 ans de règne sans partage, sans oublier le chef d'Etat de Tunisie pour des raisons encore moins soutenables. Avec cette connotation spécifique à  notre temps et à  se remémorer, les deux chefs d'Etats déboulonnés ont réussi quand même à  tromper chacun son peuple pendant plusieurs décennies pour achever de le dépouiller de ses biens, faisant du peuple égyptien un éternel solliciteur d'aides auprès des Américains. Quant au peuple tunisien, le spectacle qu'il donne depuis sa «révolution de jasmin» à  Lampedusa suffit amplement à  le rendre plus sympathique à  cause d'un dénuement encore plus insupportable. Reconnaissons que c'est lamentable. Revenons à  présent à  la presse puisque c'est d'elle qu'il s'agit aujourd'hui. Tout le monde sait que depuis octobre 1988, l'Algérie du parti unique au pouvoir jusque-là, avait dû se résoudre à  rendre l'âme, parce que l'exigüité qu'il offrait en matière de coexistence politique et sociale, suscitait tellement d'incompatibilité entre générations que la gestion du pays pouvait à  la longue en pâtir, et même sérieusement en pâtir. C'est à  la faveur de cette rupture brutale qu'est née la presse «indépendante» dans notre pays. Des fées auraient-elles boudé de venir lui souhaiter bon vent ' A dire vrai non ! Ceci pour dire que la transition entre l'ère de la presse univoque et celle, annoncée avec fracas plus performante de la presse multiple, aurait pu àªtre moins laborieuse. Où en sommes-nous à  présent 'LA PRESSE A OUBLIÉ LA NORME Grosso modo dans une situation ou le clivage entre une poignée de journaux riches et plus d'une centaine de titres, une sorte de presse fantomatique, rongée par l'endettement, donc indécollable économiquement. C'est l'image qu'offre, aujourd'hui, le panorama des médias-papier dans notre pays. Et pour àªtre plus proche de la vérité disons qu'il existe une troisième catégorie de quotidiens, échappée celle-ci par miracle à  l'arrivée sur le marché algérien de centaines de titres qui, pendant une dizaine d'années, avaient failli étouffer. Aujourd'hui cette presse, qu'on appelle, par ailleurs, gouvernementale, reprend indéniablement du poil de la bête. A quoi attribuer ce retour encourageant à  la vitalité' La réponse à  cette question est simple. Au flagrant parti pris de ce qu'on appelle désormais la presse privée qui, après 1988, s'était fait subitement appelée «presse indépendante». Sans doute parce qu'elle gagne beaucoup d'argent. Un parti pris qu'aucun texte de loi n'autorise ni d'ailleurs aucune morale ni déontologie. Un parti pris savamment orchestré, visant exclusivement le pouvoir en place, sans que la conjoncture économique ou politique en Algérie n'ait eu à  le justifier ne fut-ce qu'une seule fois durant les cinq dernières années. Pas de crise pas de problème en vérité. D'ailleurs ce que j'avance est si proche de la réalité que même le FMI, habituellement peu disposé à  distribuer des bons points aux pays qui émergent, a reconnu que notre pays se portait bien et qu'on ne peut nullement en conclure qu'il est en perdition, si ce n'est par parti pris interposé ou volonté de lui nuire. Comment alors une presse, qu'elle quelle soit, peut-elle se permettre des écarts aussi préjudiciables à  la stabilité de son propre pays alors qu'en théorie elle est censée ne rapporter que des informations préalablement vérifiées ' Qu'est-ce que la presse si ce n'est l'intermédiaire privilégié dont la compétence consiste en permanence à  expliquer au peuple le discours, parfois ésotérique certes, de son gouvernement pour la meilleure perception qui soit par le plus grand nombre. En Algérie malheureusement, la presse en général a oublié la norme pour faire usage de son contraire, c'est-à-dire d'un parti pris auquel l'histoire de notre pays ne nous avait jamais préparés. D'où nous vient cette époque où la haine des journalistes envers leur gouvernement serait tellement virulente et injustifiée, qu'elle pousserait à  faire croire que le pouvoir serait en déliquescence ' Ce qui évidemment est faux et dénué de tout fondement. C'est au titre de voir notre presse reprendre ses titres de noblesse dans la société en se contentant dorénavant de faire son travail d'intermédiation scrupuleusement que j'ai programmé cette chronique. Un tour d'horizon simple et nullement codifié. Cependant la cause qui a été à  l'origine d'une telle gabegie, ne saurait à  mon sens àªtre imputable à  X ou Y. La presse nationale semble depuis quelques mois avoir perdu ses repères et cela est un fait que d'aucuns qualifient déjà de défaitisme. Or, depuis toujours dans ses rédactions respectives, il s'est trouvé des personnes qui ont en permanence veillé à  l'éthique et à  la déontologie du travail des journalistes, je parle ici des professionnels. Or, quel que soit le degré d'efficacité de ces professionnels, il ne m'a jamais été donné de constater que certains d'entre-eux aient aussi facilement abandonné leurs principes fondamentaux pour souscrire à  des campagnes de propagande aussi virulentes contre leur gouvernement avec, en point de mire, le souhait de voir leur pays sombrer dans le cahot. Il est temps de se ressaisir. Et la première chose à  faire dans l'immédiat serait de recadrer la presse dans son rôle d'information en songeant à  la seconde étape qui consistera à  légiférer pour introduire non seulement le précieux cahier des charges suggéré en exorde, mais aussi une régulation efficiente en son sein. Car, il n'y a pas de raison qu'une poignée de journaux vive dans le confort salarial le plus extravagant et les dizaines de titres restants en permanence dans l'endettement.


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