Non pas pour se battre contre Mohamed Ali ou encore contre Joe Frazier mais aussi et surtout pas pour donner des coups assommants. Cette mère est maintes fois montée sur les rings un peu partout dans le monde pour célébrer les victoires de celui qui, après une enfance éprouvée et désespérante, fut champion d'Afrique de boxe en 1975 en l'espace seulement de 6 secondes de combat face au redoutable Ivoirien Zitou Pascal. Elle fut la maman de notre champion Loucif Hammani qui a plusieurs fois fait tonner l'hymne national dans les grandes arènes de la boxe mondiale. La mère de Loucif Hammani, Nna Smina Djoudrez, vient tout juste de nous quitter à l'âge de 93 ans. Elle se repose. Mais quel courage tenace avait cette mère pour assister, et en direct s'il vous plaît, à tous les coups que son fils encaissait et qu'il donnait aussi. Quelle audace et quel aplomb avait cette grande dame, cette mère qui, assumant ses habits multicolores et multiformes de la montagnarde qu'elle était, encourageait toujours depuis les plus proches tribunes, juste celles derrière les arbitres, le futur champion de résister, de tenir, d'endurer, de se tenir debout, de ne pas chanceler, de ne pas vaciller, de ne pas tomber sinon de se relever aussitôt. Cette ténacité est comme un défi. Elle trouve sa raison d'être dans le fait que la mère des rings était d'abord fille de chahid, veuve de chahid et conséquemment le fils lui-même est fils de chahid. On imagine alors la détresse dans laquelle elle se trouvait avec des milliers de femmes comme elle en chercheuses d'os s'en allant par les lacets tortueux des chemins avec comme compagnon son garçon unique Loucif à peine âgé de 9 ans accroché à sa robe. Les chercheurs d'os et le lot des abattements subits dont parlait Tahar Djaout ne se résignent pas. Et pour cause, cette mère cambrée dans l'indigence avait juré de défier le sort, un sort qu'elle a réussi à mettre KO comme le fera souvent Loucif sur les rings. Que de fois n'a-t-elle pas vu son fils au bord de la défaite mais sa voix encourageante fusait et dopait le boxeur qui finit par l'emporter et de quelles belles manières. Elle savait que toute l'Algérie attendait de Loucif un KO non pas pour faire mal mais pour les couleurs. Elle a réussi à faire de lui un champion. Elle ne s'est jamais empêchée, elle n'a jamais oublié d'aller faire l'accolade au vaincu et de lui placer des ambassades maternelles avant de s'agripper à la main suante et victorieuse de Loucif Hamani dès que l'arbitre la hisse haut. Elle était grande par tout cela. Ça doit trembler tout de même une mère qui voit son fils encaisser, non ' Oui, mais défier le sort et venir à bout de l'indigence en tant que femme et esseulée était à ce prix. Repose en paix Nna Smina.
A. A.
kocilnour@yahoo.fr
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Posté Le : 28/08/2012
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Abdennour Abdesselam
Source : www.liberte-algerie.com