Algérie

Reflet culturel



Des responsables de divers secteurs étatiques allant du statut de ministre à celui de fonctionnaire s'affranchissent vite des contraintes habituelles de la communication lorsqu'ils qu'ils passent sur l'écran de la télévision BRTV. En effet tous ceux qui sont interviewés par cette chaîne thématique d'expression amazighe et qui émet depuis Paris s'expriment avec une étonnante aisance et assurance. Ils communiquent ainsi soit en arabe algérien ou dans un parfait français. On ne remarque alors aucune hésitation, aucun embarras, aucune rupture ni bafouillage dans l'enchaînement des idées et de la parole qui habituellement les envahissent lorsqu'ils interviennent à l'antenne de l'ENTV. La plupart paraissent libérés du formalisme dopant et habituel qui les astreint à parler obligatoirement dans une langue arabe scolaire d'abord agressée et torturée puis emphatique et emphatisée, conventionnelle et conventionnée et enfin truffée de néologismes vraisemblablement de création volontariste et toute personnelle. Paradoxalement cette langue formelle n'est réellement comprise que par la population scolarisée et de surcroît à partir d'un certain niveau de formation. C'est dire tout le gâchis du formalisme obligatoire ou volontaire ou encore complaisant qui empêche la libération de la pensée et de la parole et donc réduit considérablement le rendement de la communication. Cette remarque pose à nouveau la problématique de la langue en Algérie. Pourtant, la logique est que si les Algériens arabophones ne comprennent pas la langue berbère et si les Algériens berbérophones n'accèdent pas à la langue arabe scolaire alors puisqu'il y a une langue intermédiaire faite de l'une et de l'autre pourquoi ne pas s'en saisir comme l'a souvent revendiqué Kateb Yacine et la placer comme vecteur de communication compréhensible par l'ensemble ' La marche vers une paix linguistique sera alors entamée et l'intercompréhension lèvera toute ambiguïté qui s'est longtemps imposée comme facteur de doute, de méfiance et d'appréhension source d'une multitude de conflits. Une telle initiative nécessite une décision courageuse et responsable qui ne fera qu'entériner une réalité socio-linguistique déjà bien mise en place et qui a fait voler en mille éclats les obligations politico-linguistiques non enracinées et totalement dépassées. En effet, dans le quotidien de la population l'écrasante majorité, pour se comprendre, communique en arabe algérien. Cela débute déjà au sein même de la petite école.
A. A.
kocilnour@yahoo.fr




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