Il est surtout un repère précieux pour ceux et celles qui tentent de revisiter en sens inverse le parcours de la littérature autochtone dans ses premiers balbutiements et ses promesses imparfaitement exprimées. Le professeur de littérature comparée insiste sur le contexte de la parution de l’œuvre romanesque et s’attarde longuement sur la personnalité de l’auteur, un autochtone lettré en langue française qui aspire à l’intégration dans la culture de l’autre sans renier ses racines philosophiques et culturelles.
Le roman relate un itinéraire de vie à deux, contrarié, un échec conjugal sur fond de profondes césures sociales, psychologiques et morales. Zohra et Méliani sont mari et femme dans le déroulement du récit mais aussi et surtout deux témoins archétypes d’une époque charnière qui ne prédit rien de stable si ce n’est la stabilité de l’inquiétude. En arrière-fond, les personnages principaux sont porteurs de sentiments mais aussi acteurs de projets de société dans un territoire largement traversé par de lourdes et ambivalentes aspirations.
Accompagnant son argumentaire critique de références précises, le chercheur rappelle, dès le départ, que toute production esthétique est d’abord l’expression de son vécu. Il intervient dans une longue et fouillée analyse pour dater l’œuvre et expliquer sociologiquement et littérairement le contenu de cette œuvre dans ses promesses et ses ambiguïtés. Vigilant sur tout ce qui touche aux dates et aux symboles liés à une fiction porteuse de « vraisemblable social », le présentateur du roman ne veut surtout pas faire de lecture avec les instruments d’analyses et les référents historiques d’aujourd’hui.
Il précise que son choix de présenter cet ouvrage est surtout motivé par le besoin insistant de relire nos productions littéraires et redécouvrir « une génération de lettrés et d’intellectuels dans leur lente, pathétique et inégale évolution ». Pour mieux situer le profil de l’auteur du roman, Hadj Miliani explique : « C’est véritablement dans la gueule du loup que Hadj Hamou va tenter inlassablement de figurer à la fois comme un professionnel de lettres et le porte-parole de sa communauté.
Même si son aventure littéraire semble se résumer à son unique roman daté de 1925, il est assez intéressant de noter que malgré le handicap d’être le seul musulman membre d’une association d’écrivains, elle-même périphérique à la vie littéraire de la Métropole française. Hadj Hamou va s’efforcer de maintenir un équilibre nécessairement instable entre sa place dans une institution coloniale et son appartenance à une tradition culturelle et religieuse ignorée ou méprisée. »
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 14/05/2007
Posté par : nassima-v
Ecrit par : Bouziane Benachour
Source : www.elwatan.com