Photo : M. Hacène
Par Amirouche Yazid
Cinquante et un ans après la signature des Accords d'Evian ayant marqué le cessez-le-feu, entré en vigueur le 19 mars 1962, Rédha Malek, un des membres de la délégation algérienne, est revenu sur les péripéties des différentes rencontres entre les deux parties. A l'occasion d'une conférence organisée hier par l'école nationale supérieure des sciences politiques, l'ancien Chef du gouvernement a retracé les phases qui ont dominé les négociations, officiellement entamées le 20 mai 1961 jusqu'au jour ou les accords ont été paraphés par les deux protagonistes.
Rédha Malek a souligné que les pourparlers ont duré plus d'une année, avec des périodes de ruptures quand les divergences devenaient insurmontables. Il ressort néanmoins que les ruptures faisaient souvent suite à l'intransigeance de la délégation algérienne qui ne se laissait pas faire devant les man'uvres des représentants du gouvernement français. Rédha Malek fera cependant savoir aux étudiants de l'école venus nombreux écouter le témoignage, que bien avant d'entamer les négociations qui aboutiront à l'accord de cessez-le-feu, «le Gpra exigeait que les négociations se déroulent un terrain neutre». Le conférencier dira que le Gouvernement provisoire ne voulait plus de pourparlers qui se tiendraient en France.
Car, explique Rédha Malek, «il y avait le précédent Melun». Il s'agit d'un cycle antérieur de négociations au cours desquelles la délégation algérienne, composée de Boumendjel et Benyahia, a été enfermée dans une préfecture. D'où le refus de la partie algérienne de (re)négocier en France. «Parce que nous voulions notre liberté d'action, nous avons exigé un terrain neutre», dit Rédha Malek. C'est à partir de là que la ville d'Evian a été choisie pour abriter les négociations. Evian a eu cependant son «martyr», puisque le maire de la ville sera assassiné par l'OAS un mois avant le début des négociations. Sur l'évolution des négociations, Rédha Malek est revenu sur un moment de rupture suite à un désaccord sur la Sahara algérien. Il a fallu, selon le conférencier, que «de Gaulle admette la souveraineté algérienne sur le Sahara pour que les négociations puissent reprendre».
Une manière de dire que ce ne fut guère une partie facile. Sur les questions de fond, l'ex-Chef du gouvernement des années 90, a évoqué ce qu'il qualifie de trois axes. Le premier interroge le statut à donner aux Européens établis en Algérie une fois l'indépendance arrachée. «Le problème était délicat», soutient Rédha Malek. Les autorités françaises ont été contraintes à accepter la proposition algérienne. Cette dernière offrait au million d'Européens des droits civiques pendant 3 ans avant de choisir individuellement leurs nationalités. Le second axe est celui du Sahara, une partie de l'Algérie à laquelle la France tenait tant. La même attitude a été adoptée par la France pour la base navale de Mers El Kebir, à Oran. La France a fini par abandonner la partie 5 ans après l'indépendance alors que les termes des accords évoquaient une location de 15 ans. Le troisième axe est celui de l'Indépendance. La délégation algérienne à Evian défendait le principe de la «coopération sur la base de notre souveraineté» à la place de celui de «l'association», prônée par la France.
En Plus des détails racontés par Rédha Malek, il a déclaré que les négociateurs ne se touchaient pas la main à l'occasion des pourparlers.
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Posté Le : 18/03/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : A Y
Source : www.latribune-online.com