Algérie

Rédha Hamiani, inlassable lobbyiste du patronat algérien



Rédha Hamiani, inlassable lobbyiste du patronat algérien
Rédha Hamiani poursuit sa croisade. Inlassable lobbyiste, le président du Forum des Chefs d'entreprises (FCE) répète, encore et encore, les mêmes arguments pour défendre les entreprises privées algériennes, ne ratant aucune opportunité de rappeler les revendications des patrons algériens : améliorer le climat des affaires, faciliter l'acte d'investissement, réviser ou, à défaut, moduler la règle des 51/49.
C'est la formule choc trouvée par M. Rédha Hamiani : l'économie algérienne est « droguée aux hydrocarbures ». Il faut donc la désintoxiquer. Et c'est évidemment le patron des chefs d'entreprises (FCE), organisation patronale la plus influente, qui propose la recette. C'est un document en cinquante points, une feuille de route élaborée par le FCE, que M. Hamiani détaille à chaque fois que l'opportunité lui est offerte.
L'économie algérienne doit « fonctionner autrement et produire autrement », a encore déclaré mardi M. Hamiani, dont la rhétorique est basée sur le même argumentaire, simple mais efficace. D'abord, un état des lieux déplorable de l'économie algérienne. Il cite, en vrac, les exemples dont dispose son organisation. 95 pour cent des entreprises algériennes sont en fait des TPE (très petites entreprises), dont la participation à l'économie reste marginale. Le pays importe tout : blé, automobiles, autoroutes, médicaments, etc. Il et ne vend que des hydrocarbures, qui fournissent 98% des recettes en devises du pays.
La dépendance envers les hydrocarbures est alarmante. D'autant plus que l'Algérie devrait connaitre un fléchissement de ses exportations d'hydrocarbures, pour devenir un importateur net avant 2030, dit-il. Il faut donc se préparer, pour avoir un tissu de production radicalement différent. Cela passe, selon M. Hamiani, par la création de ce qu'il appelle « 200 champions », c'est-à-dire des entreprises de grande envergure, qui s'appuieraient sur un tissu de 2.000 entreprises moyennes.
Pour y arriver, il propose sa feuille de route, qu'il souhaite « partager avec le gouvernement », même s'il sait que le gouvernement est incapable d'agir, car l'administration algérienne a perdu toute capacité de management. Elle n'est plus capable de mettre en application des décisions gouvernementales.
M. Hamiani le dit à mots couverts. Il évite l'affrontement direct. Il déplore que les décisions de la tripartite ne soient pas encore appliquées. La tripartite (gouvernement, syndicats, patronats) avait pris une série de décisions offrant des avantages exceptionnels aux entreprises, mais l'application, en aval n'a pas suivi. Taux d'intérêts bonifiés, effacement de certaines dettes, rééchelonnement d'autres dettes, facilités de toutes sortes pour accéder au crédit et à l'investissement : toutes les revendications du patronat ont été satisfaites, d'une manière ou d'une autre. Mais comme l'application de toutes ces mesures passe par une intervention de l'administration fiscale, des banques, de la bureaucratie locale et celles des ministères, l'accord est difficilement appliqué. Le problème, c'est « d'appliquer concrètement les mesures décidées », déclare en ce sens M. Hamiani.
Problème de « calendrier » pour rencontrer Louisa Hanoun
M. Hamiani ne néglige aucune tribune. A l'exception des Parti des Travailleurs (PT, extrême-gauche) de Mme Louisa Hanoun, qui s'en prend de manière virulente aussi bien aux multinationales qu'aux « privés » algériens, M. Hamiani a rencontré tous les dirigeants des partis qui comptent à la veille des législatives, pour parler avec eux d'économie. Il a toutefois précisé, lundi, qu'il ne s'agissait pas d'un refus de rencontrer Mme Hanoun, mais d'un problème de calendrier !
Le patron du FCE n'oublie pas l'économie informelle. Il note que, selon les secteurs, de 30 à 70 pour cent de l'économie algérienne est concentrée dans l'informel. Dans le même temps, la moitié de l'argent en circulation dans le pays ne transite pas par les banques. Il plaide donc pour une intégration de l'économie informelle, en facilitant les démarches administratives et la fiscalité.
Quant à la règle du 51/49, il demande à ce qu'elle soit « évaluée », et « modulée », à défaut d'être purement et simplement abrogée. Cette mesure, introduite dans la loi de finances complémentaires 2009 et reconduite depuis, oblige tout investisseur étranger à s'associer avec un partenaire algérien, qui doit obligatoirement détenir plus de la moitié du capital.
M. Hamiani veut que cette mesure soit donc évaluée, au moment où les spécialistes s'accordent à dire qu'elle a virtuellement bloqué l'investissement étranger. Il souhaite donc la « moduler », pour autoriser un investissement à cent pour cent étranger dans certaines secteurs, comme le tourisme, à charge pour l'Etat algérien de protéger certains secteurs qu'il considère comme « stratégiques ».
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