Redevenir rois au pays du prince

Après l'Afrique, sous contrôle depuis l'été 2019, l'Algérie s'apprête à étendre sa suprématie au continent asiatique et à asseoir son hégémonie sur l'Arabie du football.Dans une planète football où la vérité du terrain établit souvent la dictature du moment, l'Algérie est en train de constituer l'exception : durer au plus haut niveau en multipliant les variantes.
Après l'équipe A qui marche sur le continent depuis 32 rencontres sans discontinuer, voilà que l'équipe A' survole à très haute altitude le Monde arabe, se baladant au Qatar pour atteindre, avec stress et paillettes, la finale où elle affrontera cet après-midi la Tunisie voisine dans un classique nord-africain.
Fraîchement constituée, sans préparation à proprement dit et dépourvuz de tout repère, la sélection de Madjid Bougherra est ainsi à 90 minutes d'un bonheur suprême comme seul le football entre "voisins et frères" peut nous offrir : éteindre toute rivalité régionale et se hisser au sommet d'un Monde arabe étalé sur deux continents.
La similitude avec la défunte Coupe afro-asiatique, remportée par l'Algérie championne d'Afrique en 1991, peut faire frémir certains nostalgiques, mais l'impact d'un succès aujourd'hui en finale de cette Coupe arabe de la Fifa, première du nom, sera certainement plus important et dépassera aisément le simple cadre d'un triomphe sportif.
Le parfum du Mondial qatarien de 2022 qui se dégage des magnifiques enceintes ultra-modernes aura d'ailleurs pour double effet de réveiller les papilles gustatives et dilater les pupilles de nos A', qui veulent désormais inscrire leurs noms en lettres d'or sur le trophée pour espérer éveiller l'intérêt du patron des A, à même de s'assurer une présence l'hiver prochain sur ces mêmes terres accueillantes pour l'aventure suprême, la Coupe du monde.
En pleine confiance après avoir notamment tenu l'Egypte en respect au premier tour, évité le piège marocain en quart de finale, puis survécu à l'interminable temps mort dont a bénéficié le Qatar dans "sa" demi-finale, l'EN n'aura désormais que l'obstacle tunisien à franchir pour s'adjuger la couronne de Reine d'Arabie.
Et quand bien même Youcef El-Msakni, bourreau des Verts de Vahid Halilhodzic en Afrique du Sud au premier tour de la CAN-2013, représentera à lui tout seul une véritable menace pour M'Bolhi et sa défense, la forme supersonique de l'intenable Youcef El-Belaïli constituera, à n'en pas douter, un tout aussi intimidant spectre pour cette Tunisie qu'il ne connaît que trop bien et dont il a longtemps martyrisé les défenseurs au gré de ses arabesques sous le maillot sang et or d'Ettaradji.
C'est justement sur Belaïli, insolent de facilité technique depuis l'entame de ce challenge régional que pèsent, en premier lieu, tous les espoirs de consécration de Madjid Bougherra qui rêve, en plein jour, d'une réussite "à la Belmadi", au c?ur de Doha, leur pays d'adoption pour ce qui serait un authentique clin d'?il à ce qui devrait être leur avenir en commun, dans moins d'une année, sur ce même petit bout de terre de la péninsule Arabique.
Le défi est grand, mais à la portée de la bande au Magic qui aura démontré une personnalité de vainqueur tout au long d'un tournoi maîtrisé de bout en bout malgré une adversité d'une qualité qu'on ne spuoçonnait pas forcément et d'écueils inattendus.
Après l'or continental au Caire en 2019, le vermeil arabe à Doha en 2021 ne sera, dès lors, qu'une juste récompense pour cette EN hybride qui marche sur le pas de sa glorieuse aînée de Belmadi.
De quoi aiguiser encore l'appétit d'un football algérien qui vit quelques unes des plus belles heures de son histoire contemporaine, en attendant d'étendre encore plus son hégémonie boulimique, au Cameroun dans moins d'un mois, puis au Qatar, dans moins d'un an.
L'Afrique, le Monde arabe, puis la planète football ' Du Qatar au Qatar ' Rien n'est sûr, mais rien n'est impossible au pays des miracles pour cette Algérie qui gagne toujours à la fin.

Rachid BELARBI