Algérie

Redécouvrir la société iranienne sur grand écran Cycle du cinéma iranien à la Cinémathèque d'Alger



Redécouvrir la société iranienne sur grand écran Cycle du cinéma iranien à la Cinémathèque d'Alger
Le coup d'envoie du cycle cinématographique iranien, a été donné mercredi passé, à la cinémathèque algérienne, avec le long métrage Un morceau de sucre de Reza Mir Karimi, présent à la projection. Ainsi, les spectateurs sont plongés au c'ur des préparatifs du mariage de Pasendideh, dans la province de Yazid, au centre de l'Iran, qui se distingue par la beauté de son architecture et de sa lumière, que le réalisateur a su mettre en valeur. Durant près de deux heures, les présents étaient conviés à apprécier ce film plein de poésie et plonger dans l'univers des rapports humains au sein de ces familles et où l'appréciation des choses simples du quotidien est mise en valeur. A ce propos, le réalisateur avait confié dans la presse iranienne : «Nous devons changer notre regard et prendre en considération l'âme qui se trouve dans chaque élément.»
Tel un artiste-peintre, Reza Mir Karimi offre aux cinéphiles des scènes d'une grande beauté esthétique et poétique, où la subtilité rivalise avec la qualité de la technique des ralentis et la sublime musique. Parmi ces plans poétiques, la scène de la future mariée qui se balance dans une lumière scintillante tentant de cueillir la pomme qu'elle désire mais qu'elle n'atteindra pas. Une autre scène illustre le talent esthétique du réalisateur, celle des fruits et légumes balancés telle une valse de couleurs dans le bassin du jardin verdoyant où la nature offre toute sa beauté. Il y a également une sublimation de l'univers de l'enfance, du dévouement des membres de la famille pour les personnes âgées.
Mais ce cadre idyllique des préparatifs festifs dévoile aussi le paradoxe de toute une société, avec des touches subtiles d'ironie, sur les rapports hommes et femmes, la pratique plus ou moins rigoureuse de la religion et les clivages en classes sociales. Un morceau de sucre, illustre aussi, au-delà du rituel de l'union des deux familles, le fameux morceau de sucre qui endeuillera la fête transformant le diner nuptiale en veillée mortuaire. En effet, l'oncle, qui est le chef de famille, s'étouffera avec un morceau de sucre qu'il aura avalé de travers. Une mort absurde. Paradoxalement, cette mort libérera la jeune promise de ce mariage arrangé avec le fils d'une famille riche, qui retrouvera ainsi son amour d'enfance.
Un morceau de sucre avait été sélectionné pour les Oscars 2013 avant que l'Iran ne boycotte la cérémonie pour protester contre Innocence of muslims, un film islamophobe qui avait suscité de très vives réactions dans plusieurs pays musulmans.
Avec Mainline du réalisateur Rakhshan Bani Etermad, projeté jeudi dernier, les cinéphiles découvriront un autre registre. Autant le film d'ouverture était axé sur un huis clos familial tout en poésie et finesse, autant Mainline dévoile un côté sombre de la société iranienne à travers le road-movie d'une mère qui tente par tous les moyens de sauver sa fille de l'enfer de la drogue. Dès lors, à travers ce drame familial poignant, le réalisateur réussit à saisir l'attention de son spectateur pour l'emmener dans le voyage désespéré de cette mère en détresse qui voit la longue rechute de sa fille accro à l'héroïne et qui doit absolument se désintoxiquer avant le retour de son fiancée de l'étranger. Rakhshan Bani Etermad réussi à dépeindre efficacement la violence de l'addiction et l'éclatement de l'existence des individus et des liens familiaux, même dans une société iranienne qu'on dit encadrée et surveillée.
Le film raconte aussi une formidable histoire d'amour, celle d'une mère pour sa fille, qui est prête à affronter tous les vendeurs de la mort pour sauver la chair de sa chair. Ainsi, l'amour maternel est sublimé dans le sacrifice de cette femme qui, avec l'énergie du désespoir, se battra jusqu'au bout pour que sa fille puisse enfin retrouver sa dignité et surtout le goût de vivre.
S. B.


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